Résumé de la thèse : À partir d’une sociologie de la socialisation, cette thèse saisit les scolarités en Sections d’enseignement général et professionnel adapté [SEGPA] et les effets de celles-ci sur les élèves. Ces sections, qui remplacent en 1996 les « sections d’éducation spécialisée » créées en 1967, accueillent des élèves « en grande difficulté », de la 6e à la 3e. Dans une approche d’inspiration ethnographique, le terrain d’enquête a été effectué dans les SEGPA de 4 collèges différents d’un même département ainsi que dans la commission d’orientation départementale vers ces sections. L’analyse contribue aux sociologies de l’éducation et des personnels éducatifs, des jeunesses populaires et de leurs encadrements institutionnels, du handicap et des formations professionnelles ainsi qu’à une sociologie des institutions. Ce travail montre que cette scolarisation est différenciée – dans son accès, sa matérialité, ses agents, ses contenus et ses objectifs d’apprentissage – et différenciatrice des autres scolarités en collège – elle produit, pour les élèves, une mise à l’écart précoce des voies modales de scolarisation (le collège « ordinaire », l’accès au bac) et une progressive distanciation du rythme et du « jeu » scolaires ordinaires qui s’accroît de la 6e à la 3e. Ainsi, bien que les classes de SEGPA soient abritées au sein de collèges, enseignant·es, enseignements et fonctionnement de la section construisent une expérience scolaire relativement « à côté » du reste du collège. Plus précisément, et par rapport aux filières générales du collège « unique », la SEGPA se situe non seulement à la frontière du handicap, mais constitue aussi une forme de prolongement de l’école primaire et d’anticipation du lycée professionnel. Faire sa scolarité en SEGPA c’est finalement être dans un collège sans faire le collège.
Jury :
Romuald BODIN – Professeur de sociologie, université de Nantes, CENS (examinateur)
Stéphane BONNÉRY – Professeur de sciences de l’éducation, université de Paris 8 Saint-Denis, ESCOL (rapporteur)
Prisca KERGOAT – Professeure de sociologie, université de Toulouse Jean Jaurès, CERTOP (rapporteure)
Mathias MILLET – Professeur de sociologie, université de Poitiers, GRESCO (examinateur)
Gilles MOREAU – Professeur de sociologie, université de Poitiers, GRESCO (co-directeur)
Fanny RENARD – Maîtresse de conférence, université de Poitiers, GRESCO (co-directrice)