Choukri BEN AYED et Francis MARCHAND, Regards croisés sur la socialisation. Contextes, générations, ethnicisation, Limoges, PULIM, 2019.

Cet ouvrage propose des regards croisés originaux qui questionnent la polysémie du concept de socialisation et ses usages contemporains. Le pari engagé dans les différentes contributions est de traiter des différents aspects de la socialisation (familiale, du groupe de pairs, du troisième âge, militante et/ou associative) en acte.
On ne trouvera pas ici d’analyses qui empruntent des conceptions considérées comme acquises en sciences sociales (socialisations primaire et secondaire), mais des questionnements renouvelés, fondés sur des enquêtes empiriques mobilisant des méthodes variées (approche statistique, monographique, observation participante, entretiens cliniques, traitement archivistique, etc.).
L’ouvrage traite de terrains divers tels que styles éducatifs parentaux, les problématiques de parentalité dans les quartiers populaires, les goûts musicaux des élèves, le vieillissement. Il aborde également des enjeux liés aux catégorisations sociales politiques et scientifiques. Sur fond de critique d’un certain usage routinisé des catégories ethniques notamment, il s’intéresse à des mobilisations particulièrement marquantes comme celle du collectif des parents du Petit-Bard à Montpellier en lutte contre la ségrégation scolaire, aux dits enfants de la Creuse qui révèlent un processus étatique de désocialisation. L’ouvrage propose, in fine, des regards croisés vivants qui enrichissent l’approche scientifique sur la socialisation.


Fabienne Maillard et Gilles MOREAU (dir.), Le bac pro – Un baccalauréat comme les autres ?, Toulouse, Octarès, 2019.

En 1985 naît un diplôme totalement inédit et pour le moins original : le baccalauréat professionnel. Dédié à la revalorisation de l’enseignement professionnel, jusque-là dépourvu de baccalauréat et confiné dans « l’enseignement technique court », ce diplôme doit également répondre à l’objectif de conduire 80 % d’une classe d’âge au niveau du baccalauréat en 2000, ambition promue à la même date. Cette initiative, très controversée, modifie profondément la voie professionnelle et le système éducatif tout entier : s’il vise l’entrée immédiate dans la vie active, le nouveau baccalauréat ouvre également les portes de l’enseignement supérieur, à l’instar du baccalauréat général et du baccalauréat technologique. D’abord défini par ses particularités, dont une formation en 4 ans, le baccalauréat professionnel est officiellement mis à parité avec les autres baccalauréats lorsqu’en 2007 le ministre Xavier Darcos décide qu’il se préparera désormais en trois ans directement après la troisième et renforce ses liens avec l’enseignement supérieur. Depuis cette réforme, le baccalauréat professionnel a bénéficié d’une forte croissance au point de devenir le deuxième baccalauréat de France. Cette position éminente n’a cependant pas fait tarir les critiques, provenant aussi bien des employeurs, qui peuvent le trouver trop scolaire, des enseignants du second degré, qui ne l’envisagent pas forcément comme une chance pour les élèves, que des universitaires, qui persistent à considérer d’un mauvais œil l’arrivée sur « leurs terres » d’étudiants atypiques. Objet de préjugés durables, de croyances et d’illusions, le baccalauréat professionnel est un diplôme pluriel, qui ne se réduit pas aux images qu’il projette.

Une trentaine d’années après sa création, qu’en est-il de ce diplôme, dans le système éducatif comme sur le marché du travail ? Quelles ont été ses évolutions et de quoi est-il le nom, sachant qu’il est passé de 5 spécialités au moment de sa naissance à une centaine aujourd’hui ?
Réunissant historiens, sociologues, spécialistes en sciences de l’éducation, économistes et juristes, cet ouvrage propose un état des lieux des premières décennies du « bac pro ».
Le bilan est contrasté. Si le baccalauréat professionnel a indéniablement reconfiguré la formation des ouvriers et des employés et a contribué à l’élévation du niveau général d’éducation, sa légitimité reste discutée, signe que la revalorisation sociale de la voie professionnelle demeure un leurre tant la forme scolaire académique façonne encore les modèles de réussite de notre société.


Séverine DEPOILLY, Séverine Kakpo, La différenciation sociale des enfants. Enquêter sur et dans les familles, Presses Universitaires de Vincennes, « Culture et société », 2019.

Comment se construisent les dispositions sociales des enfants ? L’ouvrage apporte des éléments de réponse en centrant l’attention sur les familles et sur les processus par lesquels se construit la différenciation sociale de l’enfance.

Alors même qu’elles sont considérées comme centrales pour comprendre les trajectoires scolaires des enfants et les mécanismes de production des inégalités scolaires et sociales, les formes et les modalités concrètes de la socialisation familiale ont le plus souvent été postulées ou déduites soit de la position et des pratiques sociales des parents, soit de la situation et des habitudes scolaires des enfants. Cet ouvrage entend contribuer à ouvrir la « boîte noire » que constitue la famille, en portant la focale sur les processus concrets de construction familiale des dispositions sociales enfantines.


Mona Granato et Gilles MOREAU (dir.), « L’apprentissage en Allemagne face à ses défis », dossier de la revue Formation emploi, n°146, 2019.

  • Mona Granato et Gilles Moreau, Introduction. « Les défis de l’apprentissage en Allemagne »
  • Harald Pfeifer, Gudrun Schönfeld et Felix Wenzelmann, « Former des apprentis en entreprise : un enjeu de responsabilité sociale ? »
  • Anke Bahl, « Le/la formateur·rice : une position fragile. Étude de cas de grandes et moyennes entreprises, en Allemagne »
  • Agnes Dietzen et Tanja Tschöpe, « Les compétences sociales dans la formation par apprentissage en Allemagne : l’enseignement professionnel fondé sur les compétences »
  • Clément Brébion, « L’apprentissage, un meilleur « rendement » professionnel en France qu’en Allemagne »
  • Nadine Bernhard, « Répondre aux besoins des diplômés de l’enseignement professionnel allemand : vers une perméabilité institutionnelle ? »
  • Sophie Iffrig, « L’apprentissage transfrontalier France/Allemagne, à l’aune de l’action publique locale alsacienne »
  • Olivier Giraud, « Postface. Des modèles institutionnels comme des pop stars : (Re)connaître le système allemand de formation cinquante ans après »
  • Isabelle Le Mouillour, « Postface. France-Allemagne : comparaison n’est pas raison »
  • Béatrice Reggio, « Bibliographie »

L. Bodiou, L. GAUSSOT, F. Chauvaud, M.-J. Grihom, L. Laufer, B. Santos (dir.), On tue une femme – Le féminicide : histoire et actualités, Paris, Hermann, 2019.

Dans l’immense majorité des sociétés, passées comme présentes, les femmes font l’objet de maltraitances avérées, de traitements iniques, et sont élevées dans une culture de l’infériorité. Les violences exercées contre elles, du mariage forcé aux coups répétés, sont des violences de genre qui induisent une sorte de banalité, voire d’impunité, conduisant au crime de sang. Le féminicide est un crime de haine contre les femmes en raison de leur sexe, pour ce qu’elles sont ou ce qu’elles représentent.
Du continent asiatique auquel les filles « manquent » à l’Amérique du Nord, en passant par les pays européens qui tentent de légiférer ou des pays d’Amérique latine qui ont fait figurer la notion de féminicide dans leurs législations nationales, sans oublier l’Afrique et les organisations internationales, une prise de conscience s’est fait jour : le féminicide est un fléau universel et l’un des défis majeurs des sociétés du XXIe siècle.
On tue une femme est un ouvrage pour dénoncer l’insoutenable et un outil permettant de penser, de comprendre et d’agir contre les féminicides.


Isabelle Ingrand, Ludovic Gaussot, Élisabeth Richard (dirs.), L’approche personnalisée du dépistage familial du cancer colorectal – Une recherche interdisciplinaire : sciences médicales, sociales et humaines, Limoges, PULIM, 2019.

Cet ouvrage s’inscrit dans une dynamique de recherche interdisciplinaire dans un contexte complexe : celui du dépistage familial du cancer. La recherche, qui concerne les personnes à risque élevé de cancer colorectal, vise l’amélioration de la mise en application de la recommandation de réalisation de la coloscopie. Elle prend en compte les représentations inscrites dans un temps médical, mais aussi social et psychique qui font interagir des subjectivités en fonction du contexte personnel, familial et social.

Visant une meilleure connaissance des processus et des dynamiques en jeu, les analyses sociologiques et linguistiques enrichissent les analyses épidémiologiques et concourent ainsi à l’amélioration de l’intervention et à la protection la santé tout en réduisant les inégalités. In fine, ces analyses croisées permettent de dégager une typologie d’intervention efficace pour augmenter la participation des apparentés au dépistage ciblé par coloscopie.


Marine Cordier, Agathe Dumont, Emilie SALAMÉRO, Magali Sizorn, Le cirque en transformation : identités et dynamiques professionnelles, ÉPURE – Éditions et Presses universitaires de Reims, 2019, 202 p.

Depuis le début des années 2000, le cirque s’est affirmé comme un objet d’étude à part entière, en particulier en sciences sociales et en esthétique. Les recherches se sont ainsi développées pour analyser les multiples transformations que ce monde l’art a connues suite à l’avènement du « nouveau cirque ». En prenant pour objet d’analyse, au-delà des seuls artistes de cirque, d’autres catégories d’acteurs jusqu’ici moins étudiées, tels que les responsables culturels, les formateurs des écoles professionnelles ou encore les enseignants d’E.P.S., cet ouvrage invite à explorer la diversité des dynamiques professionnelles à l’œuvre dans le secteur, en France ainsi qu’au niveau européen. Issues de deux journées d’études organisées par le Collectif de Chercheur·e·s sur le Cirque, les contributions de professionnel·le·s et de chercheur·e·s en sociologie, arts du spectacle, sciences de l’éducation, STAPS et littérature permettent de croiser les approches et les terrains pour aborder différents questionnements: les modalités des parcours des artistes de cirque, la question des identités professionnelles et de la reconnaissance de certains métiers ainsi que les enjeux liés aux multiples catégorisations des activités circassiennes.


Numéro double 6/7 de la revue Image du travail/Travail des images

Ce numéro comprend un dossier intitulé « Femmes au travail : quelles archives visuelles ?« , coordonné par Marianne Cailloux, Françoise F. Laot et Anne Monjaret.

Il comprend également deux articles en varia, une « Grand entretien » et plusieurs articles dans les rubriques « Images en chantier », « Un œil, une image » et « Comptes rendus ».