Vendredi 11 février 2011, 14h, Salle Mélusine, MSHS de Poitiers
Pierre-Emmanuel Sorignet, sociologue, Maître de conférences à l’Université de Toulouse III / Paul Sabatier, et chercheur associé à l’équipe ETT du Centre Maurice Halbwachs (ENS-EHESS-CNRS) vient nous parler de son ouvrage : Danser. Enquête dans les coulisses d’une vocation, Paris, La Découverte, « Textes à l’appui / enquête de terrain », 2010
Si les professions artistiques sont, d’une manière générale, soumises à la précarité, celle-ci est encore plus prégnante dans le cas des danseurs. En effet, pour ces derniers, la possibilité d’assurer des performances tout au long de la vie active dépend avant tout de leur capacité corporelle. Pourtant, de plus en plus de jeunes se présentent sur ce marché du travail. Comment comprendre cet apparent paradoxe ? Pour saisir les motivations qui conduisent des individus à choisir cette voie et à s’y maintenir, il faut en fait tenir compte des rétributions symboliques propres à ce métier associant « prestige » et « précarité ». Le plaisir de la scène, la jubilation d’éprouver son corps, la relative absence de routine expliquent que les danseurs vivent leur profession comme une vocation, parfois façonnée dès l’enfance.
L’auteur, sociologue et danseur, s’est immergé dans l’univers de la danse contemporaine pendant dix ans, partageant l’activité professionnelle des danseurs et danseuses enquêtés, mais aussi tous les moments hors travail qui souvent prolongent une façon d’être artiste. Ce livre, qui donne la part belle aux témoignages, offre un éclairage inédit du métier de danseur et du style de vie qui lui est lié (le choix du conjoint, l’orientation sexuelle…). Le moment de l’audition, l’entraînement quotidien, le travail de création, le rapport à la scène et au public sont ainsi analysés « de l’intérieur ». Grâce à une approche très fine des trajectoires des personnes enquêtées, cet ouvrage permet d’ouvrir la boîte noire de la « vocation », d’en montrer les recompositions tout au long des cycles professionnels traversés, jusqu’à la sortie du métier.
Références
Recension du livre de P.-E. Sorignet par Mathieu Trachman ici