- Docteur en sociologie
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– Titre : État et protection sociale en Afrique subsaharienne : une analyse à partir de l’exemple Gabonais
– Direction : Laurent WILLEMEZ
– Résumé :
La protection sociale constitue de nos jours une entrée privilégiée pour rendre compte de l’Etat en Afrique subsaharienne. En effet, aidée par de forts taux de croissance économique au cours de la période du boom pétrolier (1967-1985), la mise en place d’un système de protection sociale efficient fut affirmée comme l’une des priorités de l’Etat. Cette protection sociale revêtait un double enjeu en tant que vecteur de la redistribution des fruits de la croissance économique d’une part et garant de la cohésion sociale d’autre part. Cette volonté fut consacrée dans la constitution du pays. Au-delà de l’article 22 de la Déclaration Universelle des droits de l’Homme stipulant « le droit de tout être humain à la sécurité sociale », l’article premier de la constitution dans son alinéa 8 stipule que « l’Etat, selon ses possibilités, garantit à tous, notamment à l’enfant, à la mère, aux handicapés, aux vieux travailleurs et aux personnes âgées, la protection de la santé, la sécurité sociale… ». La protection sociale qui s’installe s’organise autour d’un ensemble d’institutions destinées à garantir aux individus une couverture contre les risques entrainant une diminution des ressources et/ou un accroissement des dépenses. Cependant, cinquante ans après la mise en place du système de protection sociale au Gabon, une analyse consistant à rendre intelligible celui-ci ne manque pas d’intérêt, dans un contexte de paupérisation accrue de la majorité de la population. Une paupérisation exacerbée par la virulence des conséquences sociales des plans d’ajustement structurel préconisés pour résorber la crise économique survenue à la fin des années 80. C’est désormais un truisme d’affirmer que le système de protection sociale au Gabon peine à assurer l’essentielle de ses missions de régulation sociale.
Dans notre travail, nous comptons montrer comment la faiblesse du dispositif de protection sociale a des effets structurant sur l’Etat et le champ politique. Car il s’est opéré un transfert de missions de protection sociale des institutions publiques (Caisse de Sécurité sociale) vers la sphère politique. La forme politique en vigueur consiste à transformer les acteurs politiques en « assistant sociaux ». L’idée est de montrer comment les hommes politiques ayant la gestion de l’Etat se sont mués en véritables « caisse d’assistance sociale ». Les actions qui relèvent de l’Etat par le truchement de la sécurité sociale deviennent des leviers clientélistes pour les acteurs politiques qui en font une rente de légitimité politique. La « misère » ici, est semble-t-il cultivé et les soins prodigués par le politique sont considérés comme des actes « messianiques ». Aussi, l’enjeu de la compétition électorale repose-t-il sur le jeu de redistribution, et de promesses d’aides sociales. Les politiques surfent sur les difficultés existentielles des populations pour en faire un capital électoral. Les populations précaires et non encadrées par les dispositifs institutionnels de protection sociale constituent une clientèle et leur précarité une arme de clientélisation.