- Docteur en sociologie à l'Université de Poitiers
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– Titre : « Le travail salarié des étudiant.es sénégalais.es en France de 1900 à 2023 : une approche ethnographique, multisituée et longitudinale ».
– Direction : Henri Eckert
– Résumé :
Comment comprendre et analyser les bouleversements qui se sont opérés entre le début de la migration étudiante sénégalaise en France (MESF) dans les années 1900 – où les étudiant.es sénégalais.es en France (ESF) ne travaillaient pas en parallèle de leurs études – et aujourd’hui où ce phénomène a progressivement vu le jour, s’est diffusé et généralisé ? Voilà la question qui est au départ de cette thèse. En mettant au centre de l’analyse la place progressive que le travail salarié a pris au cours de l’histoire de la MESF, cette thèse ne vise toutefois pas simplement à rendre compte des processus qui ont mené à cet état de fait. Étudier ces processus n’est en réalité qu’une première étape pour revenir sur les différents contextes historique, statistique et sociologique de la MESF depuis ses débuts jusqu’à nos jours. Car si nous voulons comprendre la place que travail salarié occupe aujourd’hui dans MESF et les conséquences qui en découlent, tant sur le déroulement des études que sur le retour au pays ou l’installation durable en France des étudiant.es sénégalais.es, il est indispensable de prendre en compte l’histoire de cette migration elle-même, les différentes formes qu’elle a prises, ses évolutions. Ainsi, la place du travail salarié sera étudiée à travers « cinq âges » ou périodes marquantes successives de la MESF.
Je montrerai ainsi dans un premier temps comment les différentes crises qui ont touché la MESF ont participé progressivement à faire du « petit boulot » une quasi-norme auprès de la majorité des ESF. Dans un deuxième temps, l’analyse portera plus spécifiquement sur les étudiant.es sénégalais.es actuellement en France et à leurs emplois occupés. Cependant, je ne m’intéresse pas aux emplois occupés pour eux-mêmes mais en tant qu’ils disent quelque chose de ceux et celles qui les occupent. Pour ce faire, je répondrai à un ensemble de questions : d’abord dans quelle mesure la généralisation de l’emploi salarié chez les ESF s’accompagne d’une homogénéisation des « petits boulots » occupés par ces dernier.es ? Cette première question sera ainsi l’occasion pour moi étudier les formes que prennent la main-d’œuvre des étudiant.es sénégalais.es dans le marché de l’emploi en France à partir de l’analyse de trois variables : les secteurs d’activités où ils/elles sont recruté.es, leurs types de contrats et leurs horaires de travail. Puis, je défendrai la thèse selon laquelle les qualités des emplois occupés par les ESF sont variables, mais que cette variation ne procède pas du hasard et l’on peut observer une corrélation entre les qualités des emplois et les caractéristiques sociales des ESF. Ensuite, je poserai la question des enjeux du cumul études-emplois chez les ESF : en quoi les emplois salariés exercées par les ESF induisent-ils des rapports différenciés dans leurs parcours d’études ? Si en effet, les débats en France sur le cumul études-emplois dénoncent aujourd’hui de plus en plus le fait qu’il peut être source d’inégalités sociales dans l’enseignement supérieur entre les étudiant.es et, plus particulièrement lorsque l’emploi est sans lien avec leurs formations et représente une charge horaire lourde et contraignante qui pénalise leur réussite universitaire (S. Zilloniz, 2017 ; K. M. Body, L. Bonnal & J.-F. Giret 2011). Pour autant, la question du cumul études emplois se pose-telle dans les mêmes termes pour les étudiant.es français.es que pour les ESF ? Le fait que la contrainte de cumuler études et emplois soit plus importante chez les ESF ne contribue-telle pas à lui donner des enjeux différents ? Les conditions administratives qui encadrent le cumul études emplois chez les ESF et plus globalement leurs conditions de séjour ne lui confèrent-elles pas des enjeux supplémentaires ? Enfin, je me poserai la question de savoir en quoi le passage d’un âge de la vie à l’autre des ESF est conditionné par leurs emplois salariés ? Nous verrons ainsi avec cette dernière question les trois usages sociaux des emplois salariés incarnés par trois profils d’ESF : les « négociateurs.trices », les « pressé.es » et les « indécis.es ».
Pour étayer mes analyses, l’enquête se base sur des matériaux collectés en France et au Sénégal pendant mes années de master et de thèse entre septembre 2013 et mai 2023. D’une manière résumée, cette thèse est ainsi le fruit d’un travail de plus de dix années d’enquête ethnographique (voir W.F. Whyte 2007 [1943] ; D. Bizeul, 1999 ; S. Beaud, 1996 ; F. Weber, 1989). Dans un premier temps aux débuts de l’enquête en 2013, elle était centrée sur un travail d’immersion de plusieurs années auprès de la communauté sénégalaise de Poitiers. J’ai néanmoins réalisé dix (10) entretiens approfondis auprès des ESF pour le mémoire de master en parallèle de ce travail d’immersion et afin de compléter mes observations. Puis pour la thèse, j’ai mené trente-quatre (34) entretiens approfondis auprès d’étudiant.es et ancien.nes d’étudiant.es sénégalais.es à Poitiers entre 2016 et 2020. Par la suite, le dispositif d’enquête a évolué et m’a amené à réaliser un séjour d’enquête au Sénégal en 2017 auprès d’ancien.nes ESF retourné.es définitivement au pays et à y mener seize (16) entretiens. Puis des circonstances nouvelles m’ont amené à réaliser deux enquêtes par questionnaire : l’une en 2017 auprès de 136 étudiant.es et ancien.nes étudiant.es de la région Nouvelle Aquitaine. Et une autre en 2022 au niveau national auprès 301 ESF réparti.es dans différentes régions. Enfin, j’ai réalisé un film documentaire de 2017 à 2021 auprès d’une vingtaine d’étudiant.es qui revient sur leur venue en France et leurs perspectives de carrières. Ce dernier travail est complémentaire au manuscrit dans la mesure où il répond aux trois fonctions telles que développées par J.-P. Durand (2011 : 29) : « enregistrer le réel, diffuser des résultats scientifiques et des idées au-delà du milieu restreint de la recherche, produire de nouvelles connaissances ».
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