Cette manifestation Erasmus+, co-organisée par le GRESCO, est le résultat d'une collaboration entre : l'Université de Sarajevo (Faculté de philosophie, Département de Langues et Littératures Slaves) l'Université de Poitiers (MIMMOC, GRESCO) l'Université Paris Nanterre (CRPM, SeDyl) l'Ambassade de France, l'Institut de France et le Musée de la littérature et des arts du théâtre de Sarajevo.

Argument/Discussion

In Eastern Europe, there are a number of particularities to be considered when we think about the notion of patrimonialization or heritage[1]. The specificity of the situation in this region is due not only to the difference among several very ancient cultural roots, but also to the many distinctive features of the vision of heritage that took form in the 20th century. The phenomenon of patrimonialization – the transformation of elements of the past (practices, objects, spaces) into tangible or intangible assets that deserve to be preserved – can be approached from a number of different angles, which this symposium will explore. Each of these questions will be explored using different means, methodologies and angles of analysis, that we would like to see contributed to this symposium in all their diversity.

La patrimonialisation ou heritage[2] présente en Europe de l’Est des particularités à interroger. L’originalité de la situation dans cette région repose en effet non seulement sur la différence entre plusieurs racines culturelles très anciennes, mais aussi par de nombreuses spécificités de la vision des patrimoines qui ont pris forme au XXe siècle. Le phénomène de patrimonialisation, transformation d’éléments du passé (pratiques, objets, espaces) en biens matériels ou immatériels dignes de conservation, peut être abordé selon différentes dimensions, que ce colloque propose d’interroger. Dans le cadre d’une approche pluridisciplinaire, nous proposons que cette question des heritages en Europe de l’Est soit appréhendée à travers le prisme des études littéraires, du droit, de la sociologie, de la linguistique, de l’histoire et de l’histoire de l’art, de la muséologie, de la musicologie, des sciences politiques (…), sur des terrains pluriels, biens culturels au sens large du terme (arts – littérature, arts plastiques, visuels et du spectacle, architecture –, politique, sciences), par le biais de présentations descriptives, d’études de cas, de travaux théoriques, d’états de l’art, de questions méthodologiques (…). Chacune de ces questions pourra être abordée avec des moyens, méthodologies, angles d’attaques que nous souhaitons, lors de ce colloque, voir mis à contribution dans leur diversité.

Preservation, communication, identification

The question facing society is how to preserve the past. How can we prevent oblivion? And which heritage, if considered endangered, needs to be protected? For example, preserving local languages in a globalized world. There is also the question of the need for transmission: cultural, scientific, political. Literature, for example, can be seen as an essential part of a sustainable cultural heritage. At this level, the question of identities comes to the surface, whether considered in terms of the transmission of the cultural heritage of individuals and groups, or in terms of their individual or collective dimensions.

Language, for example, can be considered both a patrimony and a heritage, being an instrument of communication largely or wholly inherited from the past, and a living substance that is passed on in various ways to subsequent generations in the same community and beyond. The fact that certain linguistic patrimonies are considered to be more “vulnerable” than others, due to historical, geographical, political, economic and other circumstances, leads us to open a discussion on the vulnerability of local languages in a globalized world. The question also arises of how to ensure the continuity and modes of transmission of linguistic patrimony: we’re referring here to heritage languages, learned in the family in bilingual contexts, and second foreign languages learned in academic contexts; methodological approaches, which themselves constitute a didactic patrimony, often considered canonical and undeniable.

Finally, although the idea of preservation of heritage appears at first sight to be an unifying social factor, different concepts of it can be the subject of discussion, that is interesting to analyze since it reveals the ways in which it operates.

La société se pose la question de la préservation du passé. Comment prévenir l’oubli ? Qu’est ce qui, étant considéré en danger, doit être protégé ? Préserver les langues locales dans un monde globalisé, par exemple. Se pose également la question de la nécessité d’une transmission : culturelle, scientifique, politique. La/les littérature(s) peuvent par exemple apparaître comme un patrimoine indispensable dans le cadre d’un souci de durabilité culturelle. À ce niveau se donne à voir la question des identités, qu’elles soient considérées, dans le jeu de transmission du patrimoine culturel des individus et des groupes, dans leur caractère individuel ou collectif. La question de la communication, de l’expression de sa propre existence, de la survie, de la pérennité des individus et des groupes, est une autre dimension à prendre en compte.

La langue par exemple peut être considérée à la fois comme un patrimoine et comme un héritage, constituant un instrument de communication en grande partie ou en totalité hérité du passé, et une matière vivante qui se transmet de diverses manières à des générations ultérieures d’une même communauté et au-delà. La situation de certains patrimoines linguistiques, considérés comme plus « fragiles » que d’autres en raison de circonstances historiques, géographiques, politiques, économiques et autres, incite alors à ouvrir une discussion sur la vulnérabilité des langues locales dans un monde globalisé. La question se pose également de l’assurance de la continuité et des modes de transmission du patrimoine linguistique : on parlerait ici des langues d’héritage, apprises en famille en contexte de bilinguisme, et des langues étrangères secondes apprises en contexte académique ; des approches méthodologiques, qui elles-mêmes constituent un patrimoine didactique, souvent considéré comme canonique et indéniable.

Enfin, bien que l’idée de préservation du patrimoine se présente de prime abord comme un facteur social unificateur, différentes conceptions de celle-ci peuvent faire l’objet de discussions à analyser, car révélatrices de ses modalités de fonctionnement.

Process and logic/ Processus et logiques

In this way, the need to preserve, protect and communicate can be examined from the angle of the social activities required to produce them. Questions of conservation, cultural transmission and commemoration can thus be approached through the prism of the mechanisms of value production. The approach then leads to an examination of the logic of the memorial process, through analyses particularly in terms of reception, legitimization and cooperative links between different social actors.

In addition, we need to consider geo-socio-historical differences, notably the ways in which institutional forms of literary heritage (museums, archives, libraries, literary series, etc.) emerge and the variations in these ways of recognition and preservation: the differential receptions of properties and practices in space and time, the enigmas of discovery, rediscovery and oblivion, particularly in the cultural field (literature, arts, architecture, etc.). What social relationships can explain these transformations in the reception of cultural resources and in patrimonialization?

By examining variations in the production of value, we can broaden our focus and refer these questions to a wider range of issues, including the terminology used to describe, defend and justify the concern for memorialization. In this sense, the issues raised at this symposium touch on questions that are at once general and foundational in literary studies and the humanities, as well as highly topical.

Souci de préservation, de protection, nécessité de communication peuvent de la sorte être interrogés sous l’angle des activités sociales nécessaires pour les produire. Les questions de la conservation, de la transmission culturelle et de la commémoration peuvent ainsi être abordées selon le prisme des mécanismes de production de la valeur. La démarche conduit alors à examiner la logique du processus mémoriel, par des analyses notamment en termes de réception, de légitimation, de liens de coopérations entre les différents acteurs sociaux. Par exemple, du point de vue de l’histoire littéraire, comment se forme un canon national ? Comment les divers groupes minoritaires (par exemple les femmes écrivaines, traductrices, éditrices…) trouvent-ils des moyens d’entrer dans ce canon ou, en cas d’échec, quels sont les mécanismes les en excluant ? On peut s’interroger aussi sur la manière dont la notion de canon littéraire national fonctionne dans les espaces impériaux et post-impériaux pour différents groupes ethniques. Les différences géo-socio-historiques sont aussi à considérer, notamment les modes d’émergence des formes institutionnelles d’existence du patrimoine littéraire (musées, archives, bibliothèques, séries littéraires…) et les variations de ces voies de la reconnaissance et de la conservation : réceptions différentielles des biens et pratiques dans l’espace et le temps, énigmes des découvertes, des redécouvertes et des oublis, en particulier dans le domaine culturel (littérature, arts, architecture, etc.). Quels rapports sociaux expliquent ces transformations de la réception des biens culturels et de la patrimonialisation ?

L’examen des variations autour de la production de la valeur pourra permettre d’élargir la focale et de renvoyer ces questions à de plus larges interrogations, parmi lesquelles figure celle de la terminologie utilisée pour décrire, défendre, justifier le souci mémoriel.

Les problématiques soulevées lors de ce colloque renvoient en ce sens à des questions à la fois générales et fondatrices des études littéraires et des sciences humaines, et également très actuelles.

Reflection focuses/Axes de réflexion

In an attempt to make the diversity of existing approaches visible, and in the spirit of multidisciplinarity, we propose to federate works that have in common a focus on heritage in the geographical area of Eastern Europe, around three transversal topics:

– Memory construction

– Transmission

– Evolutions and new trends.

En essayant de rendre visible la diversité des approches existantes, et dans un souci de pluridisciplinarité, nous nous proposons de fédérer les travaux ayant pour point commun de se focaliser sur la patrimonialisation dans l’aire géographique de l’Europe de l’Est, autour de trois réflexions transversales :

– Construction mémorielle

– Transmission

– Évolutions.

Languages of the conference /Langues du colloque

Communications will be in Slavonic, French or English. For the first two options, an abstract and PPT presentation in English will be included in the presentation.

Les communications pourront être en langues slaves, français, anglais. Concernant les deux premières possibilités, un résumé et une présentation PPT en anglais devront accompagner la communication.

Communication

Durée de la communication orale : 20 minutes + 10 minutes de discussion

Time allowed for oral presentation: 20 minutes + 10 minutes for discussion

Publication

Après avis du Conseil scientifique, les communications remaniées sous forme d’article seront soumises pour publications dans un numéro spécial de la revue du Centre européen d’étude slaves.

After review by the Scientific Advisory Board, papers will be submitted for publication in a special issue of the journal of the European Center for Slavonic Studies.

[1] The term “heritage” is used here in the English sense of the word – “patrimoine”, “patrimonialisation”.

[2] Heritage entendu ici au sens anglophone du terme – “patrimoine”, “patrimonialisation”.