Marie-Hélène LECHIEN et Benoît LEROUX (dir.), Idées reçues sur les mondes ruraux. Le rural : des vaches et des champs ?, Paris, Le Cavalier Bleu, coll. Idées reçues-GRESCO, 2025.

Idées reçues sur les mondes ruraux

La ruralité est souvent appréhendée comme une survivance du passé, un monde qui n’en finit plus de décliner, réduit à une seule réalité socioprofessionnelle : les agriculteurs « en crise ».

À cette première image vient s’ajouter, depuis le début des années 2000, celle d’un « refuge » pour les familles modestes exclues des territoires urbains. Ces nouveaux laissés-pour-compte viendraient, comme les agriculteurs, se rappeler au mauvais souvenir des élites en votant pour l’extrême droite.

Paradoxalement, cet ensemble de représentations négatives va de pair avec une vision cette fois-ci positive, réactivée par les confinements sanitaires, celle d’une campagne verte et paisible où l’on peut se ressourcer et télétravailler.

À l’encontre de ces idées reçues, cet ouvrage restitue les mondes ruraux dans leur hétérogénéité, en tenant compte des configurations socio-territoriales différenciées qui les caractérisent, et interroge leur éventuelle spécificité : une interconnaissance plus marquée, avec des interactions moins frontales entre classes et entre générations ? Des rapports de genre à l’inverse plus inégaux, les femmes ayant longtemps été privées de statut dans l’agriculture et dans l’artisanat, mais aussi reléguées aux postes et aux métiers construits socialement comme non qualifiés dans l’industrie, le soin et l’aide à la personne ? Une coexistence entre populations permanentes et populations intermittentes (en télétravail, en villégiature, à la retraite ou en visite) qui peuvent entrer en concurrence pour l’appropriation de l’espace et du pouvoir ? Il s’agira ainsi d’interroger les effets, sur les individus et sur leurs expériences sociales, de la faible densité et de la sur-représentation des classes populaires, dans une « nature » convoitée.

Ont participé à cet ouvrage : Perrine Agnoux, Yaëlle Amsellem-Mainguy, Valérie Angeon, Joachim Benet Rivière, Ivan Bruneau, Morane Chavanon, Benoît Coquard, Séverine Depoilly, Ibrahima Diallo, Antoine Doré, Élie Dougé, Eleonora Elguezabal, Héloïse Fradkine, Daniele Inda, Sébastien Jahan, Joaquim Jornet Veà, Gilles Laferté, Jérémy Laporte, Clotilde Lemarchant, Isabelle Mallon, Caroline Mazaud, Julian Mischi, Frédéric Nicolas, Sophie Orange, Paco Rapin, Fanny Renard, Frédéric Richard, Agnès Roche, Dina Santos Araujo, Greta Tommasi, Stéphane Vaquero, Sébastien Vignon.

Sommaire

Introduction : un monde rural immobile et homogène ?

Les espaces ruraux, des univers socioprofessionnels d’abord populaires

« Le monde agricole est en crise. »

Les systèmes agri-alimentaires ultra-marins : de l’économie de plantation à l’implantation des supermarchés.

« Les agricultrices ont gagné leur indépendance. »

Qui prend en charge les travaux agricoles les plus pénibles ?

« Le monde rural n’est pas une terre ouvrière. »

« Dans les campagnes, les patrons sont proches de leurs ouvriers. »

« À la campagne, les femmes ne peuvent trouver du travail que dans le care. »

« Les campagnes se sont vidées de leurs artisans. »

« Il n’y a plus de commerces dans les territoires ruraux. »

Un monde arriéré, sans avenir ni État ?

« Les ruraux sont coupés des villes. »

« À la campagne, on ne peut pas se passer de la voiture. »

« Les services de santé ont déserté les campagnes. »

« Pour un enseignement de qualité, il faut aller en ville. »

« Les jeunes s’ennuient et fuient la campagne. »

« Loup, ours, lynx sont les boucs émissaires des mondes ruraux. »

« Y’a le bon et le mauvais chasseur. »

« Les ruraux n’aiment pas les immigrés. »

« Les ruraux n’aiment pas les résidents secondaires. »

« La France bascule à l’extrême droite à cause du vote rural ! »

Un monde convivial, gouverné par l’interconnaissance, laboratoire du futur ?

« À la campagne, tout le monde se connaît. »

« Les maires ruraux sont proches de leurs électeurs.trices. »

Le dispositif de Participation Citoyenne de la gendarmerie renforce la solidarité de voisinage.

« À la campagne, les gens sont plus solidaires. »

« On assiste à un renouveau des mouvements sociaux dans les campagnes. »

« La campagne, c’est la nature. »

Conclusion : jusqu’où la spécificité des mondes ruraux résiste-t-elle à l’analyse ?