S’informer, suivre l’actualité, apprendre à connaître ce qui se passe dans sa ville, sa région, son pays et plus largement le monde, est devenu, pratiquement, un impératif de la société et de notre vie quotidienne. Mais s’informer comment, s’informer pour quoi ?

De la gazette et journal papier aux outils de communication de notre époque, les véhicules de l’information se sont diversifiés, multipliés à l’envi depuis internet. D’un quotidien, l’info est devenue permanente, en direct, omniprésente voire parfois envahissante, donc dérangeante dans ce sens. L’individu n’est plus seulement récepteur d’informations mais aussi émetteur de contenus et avec toutes les dérives que cela peut induire.

Mais ce pluralisme informationnel et médiatique s’accompagne le plus souvent d’une uniformisation mais aussi d’un formatage de l’information pour capter l’attention, la retenir et maintenir une audience, sans pour autant développer la connaissance, étendre l’esprit critique et participer ainsi au débat démocratique. Accumuler l’information, passer d’une info à l’autre sans approfondissement mais au final rester consommateur et spectateur, sujet aussi aux fake-news, est-ce aider le citoyen à tenir sa place dans la société ?

Recourir au sensationnel, à l’émotion du moment, à la réaction plus qu’à l’analyse et la réflexion, ce n’est pas, non plus, participer à la construction citoyenne. Pour autant, les médias de masse, étant entre les mains de grands groupes industriels à vocation de profits et d’influence, n’ont pas cette déontologie ni vocation.

Dans une société qui se veut libre et démocratique, il importe de susciter le débat, d’aider à construire les outils afin que le citoyen puisse faire preuve d’esprit critique face au flot d’informations qu’il reçoit et ainsi faire la part des choses, se forger sa propre opinion.

Et le social ? Et le syndical ?

La vie sociale et a fortiori l’activité syndicale ont toujours eu besoin de communiquer afin de faire connaître leur existence, leurs activités et leur actualité. Outre le fait d’informer, de porter à la connaissance d’autres personnes ce qui les anime, ce qui les fait agir et exister en tant que tel, c’est aussi dans un objectif de valoriser les évènements dont ils sont à l’initiative, événements qu’ils souhaitent partager, et y associer le plus grand nombre bien sûr. Certes, c’est aussi vieux que le syndicalisme, mais on ne parle pas des mêmes moyens et enjeux de communication à toutes les époques.

Mais voilà, la sphère médiatique n’aime pas trop le « commun », quoi qu’elle en dise. Le social comme le militantisme d’ailleurs, n’ont ainsi pas forcément bonne presse. Ils ont été ringardisés à l’inverse d’un individualisme en affinité avec l’idéologie dominante. L’ordinaire ne fait pas vraiment vendre, alors aborder le quotidien des gens, le vécu en dehors des périodes de grandes crises (Gilets jaunes et Covid, entre autres), le fait syndical, n’entre pas dans la priorité des acteurs médiatiques. Et dans les faits, le social est largement supplanté par l’économique qui, lui, dicte sa loi et ses priorités.

Autre constat : la presse militante disparaît de l’offre médiatique au profit du généraliste, amenuisant l’espace de l’expression sociale et syndicale, à l’image d’ailleurs du politique.

Ce sont toutes ces questions que nous soumettons au débat lors de cette conférence du 6 mai qui consacrera un temps conséquent aux échanges entre les intervenants et la salle.