Les projets de recherche de l’axe 2 s’inscrivent pleinement dans la filiation de la sociologie de la culture en intégrant ses différentes acceptions. Les définitions de la notion de culture varient dans leur extension : un sens universaliste oppose la culture à la nature, et de façon plus relativiste, entend la culture comme l’ensemble des mœurs et coutumes d’un groupe donné. Un usage restreint circonscrit son usage aux œuvres de culture légitime, œuvres d’art et culture dotée de légitimité symbolique, tandis qu’une approche anthropologique désigne, avec la notion de culture, les manières de penser, d’agir, de sentir des différents groupes sociaux (ethnies, classes, etc.).

La sociologie de la culture qui nous réunit peut se définir comme l’analyse des biens symboliques (œuvres d’art, productions intellectuelles ou scientifiques, médiatiques, langues, pratiques de sociabilité ou de loisirs, etc.) dans toutes leurs dimensions. L’étude de leur production, de leur diffusion, de la définition de leur valeur, de leur appropriation différenciée et de leurs usages sociaux offre ainsi un point de vue à l’observation plus générale des rapports sociaux. De ce fait, nous inscrivons l’étude de la culture au sein d’autres dimensions structurantes, qui correspondent notamment aux axes 1 et 3 du GRESCO.

D’un côté, nous sommes particulièrement attentifs aux processus de socialisation et de transmission culturelle, dans leurs rapports avec l’incorporation d’un ordre social, d’un ordre symbolique, et ce faisant, dans leurs rapports avec des instances de socialisation comme l’institution scolaire (cf. axe 1). De l’autre, nous inscrivons l’étude de ces biens symboliques dans la compréhension du fonctionnement des groupes sociaux, de la constitution sociale des frontières symboliques entre les groupes sociaux et du maintien des écarts entre classes et fractions de classe (cf. axe 3). Lieu de la dénégation du social, la culture et le goût entretiennent un rapport – indirect et non mécanique – avec la reproduction et la légitimation des inégalités sociales. Notre travail éclaire ainsi les rapports complexes entre l’ordre social, autrement dit la distribution inégalitaire des positions sociales, et l’ordre culturel, par l’établissement des hiérarchies symboliques.

Deux directions de travail peuvent être dégagés. D’une part, il s’agit d’articuler, dans ces travaux, l’analyse de la production et de la réception des biens culturels. D’autre part, un ensemble de travaux s’intéressent à la genèse des dispositions culturelles (prime socialisation et socialisation juvénile), à la genèse historique des formes du capital culturel, tout en s’interrogeant d’un côté sur l’autonomie relative des cultures dites « populaires » et en prenant en compte, de l’autre, l’autonomie spécifique des cultures dites « savantes ».

L’axe 2 comprend plusieurs thèmes qui sont développés dans ce document.