Choukri Ben Ayed, Les expérimentations de mixité sociale au collège. Une contribution sociologique aux enjeux de mixité et de non-mixité, rapport réalisé dans le cadre du Groupe de Travail « égalité-équité » du Conseil d’Évaluation de l’École, GRESCO - Université de Limoges, 2025, 96 pages.

La mixité sociale à l’école suscite de nombreux débats. Certains concernent son incompatibilité avec une régulation par le marché du système scolaire, autrement dit avec le libre choix de l’école (Felouzis, Maroy et van Zanten, 2013). D’autres sont relatifs à ses modalités de mise en œuvre dans un contexte où les groupes sociaux vivent de plus en plus dans des mondes séparés. Ces débats se sont accentués à la faveur de l’alternance politique de 2012 qui a permis pour la première fois son inscription dans la loi : la loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école de la République du 8 juillet 2013. Cette inflexion marque sans nul doute un volontarisme politique et ne peut se comprendre indépendamment de l’influence des travaux de recherche, produits en sociologie de l’éducation notamment depuis plus de trois décennies, soulignant la contribution de la mixité sociale à l’égalité scolaire et à l’unité républicaine (Ben Ayed, 2015). D’autres débats sont relatifs à la caractérisation de cette politique dans le champ des politiques publiques ainsi qu’à la mesure de ses effets scolaires (performances scolaires) et non-scolaires (bien-être, comportements), ces deux dimensions n’étant pas indépendantes. La caractérisation de cette politique consiste à comprendre si les différentes initiatives gouvernementales et locales ont contribué à faire de la mixité sociale à l’école une véritable politique publique au sens où l’entendent habituellement la science politique ou la sociologie politique ?