Discutante : Marie-Hélène Lechien
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Perrine Agnoux, Femmes des classes populaires et territoires ruraux
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Laure Crépin autour de la présentation de sa thèse : Les conséquences résidentielles des séparations conjugales
Cette communication propose de penser l’articulation des rapports de genre et de classe en analysant la production des inégalités au sein des couples hétérosexuels à partir de l’analyse de trajectoires résidentielles. Elle repose sur deux enquêtes qui permettent de se pencher sur les logiques qui favorisent la production de ces inégalités à différentes étapes de la vie conjugale.
La première enquête porte sur l’entrée dans la vie adulte de femmes de classes populaires dans un département rural et permet d’interroger la dimension localisée des rapports sociaux de genre et de classe. Elle éclaire la mise en place de configurations conjugales inégalitaires, dans un contexte territorial où les prix immobiliers sont faibles, mais qui est peu propice à l’autonomisation matérielle des filles. L’installation en ménage apparaît comme un levier pour s’intégrer aux classes populaires « du coin », en accédant ensuite à la propriété, mais l’asymétrie des ressources dans le couple favorise des arrangements défavorables aux jeunes femmes. L’étude montre toutefois des variations selon les fractions de classes dont elles sont issues.
La seconde enquête porte sur les conséquences résidentielles des séparations. À partir de méthodes mixtes, elle montre que la séparation conjugale constitue pour beaucoup un bouleversement résidentiel, qui a lieu dans une période particulière du cycle de vie : en moyenne à 40 ans, au moment de la construction d’une famille avec des enfants, et de l’accès à la propriété. Toutefois, ce bouleversement est à géométrie variable : les femmes quittent plus souvent le logement conjugal que les hommes, et se maintiennent moins souvent dans la propriété, en particulier les femmes les plus modestes. L’étude analyse, au croisement du genre et de la classe, les logiques participant à créer ces inégalités, ainsi que les conséquences résidentielles de cet événement : l’accès à un parc locatif, souvent locatif privé, cher pour des conditions de logement souvent dégradées.