Wenceslas LIZÉ, Delphine Naudier et Séverine Sofio (dir.), Les stratèges de la notoriété. Intermédiaires et consécration dans les univers artistiques, Éditions des archives contemporaines, 2014.

L’activité professionnelle artistique est collective et repose, in fine, sur la commercialisation d’œuvres, de spectacles, de disques ou de films dont la vocation est d’atteindre un public. Dans cette entreprise, la notoriété est à la fois une fin en soi et un outil qu’un certain nombre de professionnels s’emploient à fabriquer. En d’autres termes, l’espace public n’est accessible aux artistes qu’à travers le recours à des intermédiaires culturels qui s’efforcent, au moyen de stratégies concrètes encore peu étudiées par les sciences sociales, de sortir de l’anonymat et de promouvoir des artistes ou des œuvres.
Fondé sur un ensemble d’enquêtes et de recherches collectives, ce livre a pour but de lever le voile sur ces acteurs fondamentaux des mondes de l’art, sur leurs pratiques et sur les conséquences de celles-ci en termes à la fois économiques et symboliques. La fabrication de la notoriété des œuvres et des artistes est ici conçue comme la principale tâche des intermédiaires culturels. Au-delà de leur présentation emphatique comme « faiseurs de stars » ou « briseurs de carrières », dans quelle mesure et de quelles manières les intermédiaires contribuent-ils à la fabrication du succès des artistes et à leur accès à la consécration ?
Répondant à cette question décisive au travers de plusieurs études de cas, ce livre éclaire les processus à l’œuvre dans la construction sociale de (l’accès à) la notoriété dans différents secteurs de la production culturelle : édition, musique, arts du spectacle, cinéma, arts plastiques et diffusion en ligne. Il s’adresse ainsi aussi bien aux professionnels de la culture ou des arts, qu’aux étudiant-e-s, enseignant-e-s et chercheur-e-s.

Avec les contributions de Vincent Dubois, Luca Pareschi, Kaoutar Harchi, Wenceslas Lizé, Dominique Sagot-Duvauroux et Gérôme Guibert, Delphine Naudier, Laure de Verdalle, Séverine Sofio, Pierre-Edouard Weill, Jean-Samuel Beuscart, Maxime Crepel, Olivier Roueff.


Bertrand Marchal et Marie-Pierre POULY, Mallarmé et l’anglais récréatif : le poète pédagogue. Paris : Cohen & Cohen éditeurs, 2014.

L’Anglais récréatif ou Boîte pour apprendre l’anglais en jouant et seul est la maquette jusque là inédite d’une méthode d’apprentissage de la langue anglaise conçue, fabriquée et illustrée « Par un Professeur de l’Université », Stéphane Mallarmé. Composé de seize fiches, il permet de répondre à des questions posées à l’aide de tirettes que l’on actionne, de roues que l’on tourne pour sélectionner la bonne réponse. Bertrand Marchal retrace dans cet ouvrage la pénible et chaotique carrière professorale de Stéphane Mallarmé, qui l’empêche de se consacrer pleinement à son art, plongeant ainsi le poète dans un océan de frustration. Marie-Pierre Pouly replace L’Anglais récréatif dans son contexte socio-historique en s’interrogeant ce qui le rend possible et pensable : d’une part, les caractéristiques qui portent le poète et le professeur d’anglais à l’hérésie par rapport à l’académisme ; d’autre part, les formes anciennes de la pédagogie récréative et leurs fonctions sociales (façonnement des élites et transmission osmotique et familiale des savoirs culturels et linguistiques), ce qui revient à proposer une série d’histoires, notamment celle de la page animée et celle de la pédagogie ludique et active, dans son lien avec les styles éducatifs des différents groupes sociaux. L’artiste Geneviève Besse vient compléter ces études en rebondissant sur le travail de l’écrivain pour proposer douze panneaux peints en contrepoint de ces fiches.


Romuald BODIN et Sophie Orange (dir.), « Austère université. Faux diagnostics pour vraies réformes », dossier du numéro 29 de la revue Savoir/agir, éditions du Croquant, 2014.

Écrire, ou simplement prendre position, au sujet des universités n’est pas sans poser de nombreuses difficultés. L’éducation fait partie de ces objets de discussion sur lesquels tout le monde a un avis ou, mieux, se doit d’en avoir un. Qu’il s’agisse du supérieur ou des autres niveaux de l’éducation nationale, les publications scientifiques, les commentaires médiatiques et les jugements les plus divers se suivent année après année, avec la même régularité et la même intensité. Les fonctions d’encadrement de la jeunesse, de reproduction et de légitimation des hiérarchies remplies par l’enseignement expliquent sans doute cette logorrhée collective et le caractère particulièrement tranché des prises de positions qui la constituent, mais aussi l’inquiétude et le pessimisme qui semblent généralement les animer. Il y a de ce point de vue une forte proximité entre ces dernières et les discours sur la famille, le mariage, les valeurs ou encore l’immigration. Ecrire sur l’enseignement supérieur c’est donc de fait s’inscrire dans un espace discursif saturé et déjà fortement structuré, où la rhétorique de la crise, du déclin, de la dégradation, tient une place centrale. Or, le discours de la « crise de l’université » est un élément clé de la rhétorique réformiste qui tend à remettre en question aujourd’hui la mission de service public de formation et de diffusion des connaissances scientifiques au plus grand nombre qui est celle des universités.


Christian PAPINOT, La relation d’enquête comme relation sociale. Épistémologie de la démarche de recherche ethnographique, Laval, Presses universitaires de Laval, 2014, 266 p.


Cet ouvrage a pour objet d’analyser les conditions de production des données d’enquête en sciences sociales à partir de la question centrale de la relation d’enquête comme relation sociale. Quel statut ont les données d’enquête ? Comment sont-elles empiriquement produites ? Le premier chapitre est une mise en perspective historique de l’émergence de la question afin de comprendre comment se sont imposés le modèle positiviste d’un  » observateur témoin invisible  » et les stratégies de neutralisation des situations d’enquête qui en découlent. Le deuxième montre que cette dénégation de la relation d’enquête comme relation sociale constitue encore un idéal persistant de pratiques de recherche contemporaines. Le troisième établit un programme de rupture avec cet idéal positiviste en faisant de l’analyse réflexive de la relation d’enquête comme relation sociale une condition d’intelligibilité des données produites. Le quatrième présente enfin différentes manières de procéder à l’analyse des relations sociales d’enquête comme levier de compréhension de l’objet.


Aurélie Cardona, Fanny Chrétien, Benoît LEROUX, Fabrice Ripoll, Delphine Thivet (coord.), Dynamiques des agricultures biologiques. Effets de contexte et appropriations, Quae/Educagri (« Sciences en partage »), 2014, 200 p.


Ancré dans différentes disciplines des sciences sociales (anthropologie, sociologie, géographie, sciences de l’éducation), cet ouvrage analyse les nombreuses formes d’agricultures alternatives au modèle agricole dit conventionnel. Organisé en trois parties (les dynamiques de construction des courants et organisations, les trajectoires d’agriculteurs et les relations tissées avec les non agriculteurs), il étudie les facteurs d’influence qui expliquent les pratiques observées, et interroge non seulement la relation complexe qu’entretiennent ces alternatives avec « leurs » configurations, mais aussi les dimensions méthodologiques propres aux approches disciplinaires.


Ludovic GAUSSOT, Pensée sociologique et position sociale. L’effet du genre et des rapports sociaux de sexe, Rennes, PUR (« Didact sociologie »), 2014, 198 p.


Cet ouvrage étudie les conditions sociales de production du savoir
sociologique, plus précisément les conditions genrées. Il propose
pour cela une analyse sociologique de la genèse des problématiques
de sexe dans les sciences sociales. Prenant acte de l’apport du mouvement et des recherches féministes aux sciences sociales en général et en particulier à la sociologie, il s’agit d’interroger les conditions sociales de cet apport.
Karl Mannheim et sa sociologie de la connaissance guident l’analyse. Ce
questionnement revient aussi à interroger les procédures tant cognitives que sociales qui caractérisent le fonctionnement du «champ» sociologique et l’application du «métier» de sociologue, ce qu’elles nous permettent de voir mais aussi ce qu’elles rendent invisible. L’objectif est alors double : restituer en partie la contribution des recherches féministes au renouvellement des problématiques sur le sexe, le genre, la domination masculine ; mais aussi, par cette prise en compte du genre et des rapports sociaux de sexe dans la compréhension de l’élaboration de la connaissance, développer une perspective plus juste, plus sociologique, sur le fonctionnement de la sociologie.


Lydie Bodiou, Marlaine CACOUAULT-BITAUD et Ludovic GAUSSOT (dir.)
Le genre entre transmission et transgression, Rennes, PUR, 2014.


Cet ouvrage explore des configurations singulières au sein desquelles des rapports de genre se construisent, évoluent et changent de forme, dans des espaces a priori familiers (l’école, le travail, la vie conjugale…) ou plus étrangers (la Révolution de 1789, le régime de Vichy…). En sollicitant les points de vue de l’anthropologie, de la sociologie et de l’histoire, de la psychanalyse et de la philosophie, il s’agit donc d’étudier empiriquement les processus de transmission et de transgression du genre.

Avec les contributions de Joachim Benet, Lydie Bodiou, Marlaine Cacouault-Bitaud, Séverine Depoilly, Camille Fauroux, Ludovic Gaussot, Marie-José Grihom, Feriel Lalami, Sabine Lambert, Laurie Laufer, Didier Machillot, Guillaume Malochet, Adelina Miranda, Clyde Plumauzille, Stéphanie Rubi et Kim Sang Ong-Van-Cung.