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LAMES
Des appartenances sociales et territoriales comme ressources dans les processus de mobilisation : le capital d’autochtonie discuté à l’épreuve d’un conflit éolien dans les Alpes de Haute Provence
A l’occasion d’une recherche sur l’implantation conflictuelle d’éoliennes dans une commune rurale, différents profils d’habitant ont émergé lors des discussions portant sur le projet. A la source du conflit se jouent des représentations différentes sur les sens écologiques et économiques attribués à ces installations, et plus globalement un rapport à l’espace rural et à aux possibilités d’avenir dont il peut être le support. Cette situation révèle des combinaisons originales des capitaux d’autochtonie et culturels, à la fois comme ressources potentielles pour les entrepreneurs de mobilisation dans les actions de conviction qu’ils engagent, mais également comme origines des représentations développées sur un espace quant à son devenir, et celles portées par chacun sur autrui. Au-delà, se joue dans ce type de conflit une dualité intrinsèque qu’entretiennent les espaces ruraux vis-à-vis de l’extérieur et qui se retrouve questionner avec l’accélération des mobilités et des liens sociaux. Dès lors, si l’autochtonie se pense d’abord comme modalité de clôture, elle peut également s’envisager au travers du retour au pays, à la fois comme réinscription dans la lignée pour les individus, dans une reconstruction identitaire, mais aussi comme ressources au travers des expériences enrichies de l’extérieur que leur retour permet de capitaliser à l’intérieur.
CSU, Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis
La Politique de la ville et l’autochtone. Les effets de l’action publique territorialisée sur le « capital social populaire »
Cette communication repose sur les enseignements d’une enquête réalisée entre 2004 et 2009 pour les besoins d’une thèse intitulée Des socialisations croisées. Travailleurs sociaux, jeunes et action publique dans un quartier populaire de Paris. L’analyse statistique et cartographique de la démographie et de l’urbanisme locaux, le dépouillement de documents officiels de la Politique de la ville et d’archives associatives et, par ailleurs, l’observation, sur le temps long, de ce que nous désignons comme la scène sociale du « problème de la jeunesse » (Bourdieu, 1986) nous ont permis de mettre au jour le rapport entre d’un côté la mise en œuvre de cette action publique territorialisée et, de l’autre côté, les processus de formation et de transformation du « capital d’autochtonie » (Rétière, 2003, p. 126) des participants aux associations locales ouvertes à la jeunesse. Étant donné qu’elles sont particulièrement significatives des dynamiques sociales produites par la Politique de la ville, nous centrerons l’attention sur les relations et les interactions qui s’établissent entre ses opérateurs et les personnels de ce type d’associations (ici, précisément, la SCEPT, ce qui signifie Sport, éducation et culture pour tous). La manière dont les membres du personnel de cette association s’investissent dans cette activité qu’ils appréhende comme une chance en même temps qu’elle les installe dans un double asservissement aux autorités locales et aux habitants révèle le pouvoir que détient l’action publique territorialisée de transformer le « capital social populaire » mobilisé et mobilisable par ses détenteurs comme une ressource en un handicap irréversible.
Université de Poitiers, Université de Toulouse 2
How I Met my Partner
Nous proposons dans cet article de nous focaliser sur une question insuffisamment traitée dans les approches en termes de proximité : celle de la mise en relation entre les acteurs économiques, question distincte de celle du déroulement de la relation, abondamment traitée, notamment pour l’activité d’innovation. Ce changement de perspective permet d’élargir les problématiques généralement traitées par les approches en termes de proximité : i) nous proposons de traiter la question de l’accès aux ressources, plus générale que celle de l’accès à un collaborateur, ii) ce faisant, nous réintroduisons une modalité essentielle d’accès, le marché, pendant que les approches en termes de proximité se focalisent essentiellement sur la coordination hors marché. Nous montrons alors que les acteurs, pour accéder à une ressource, peuvent passer par le marché, par des structures de médiation ou par des relations sociales interindividuelles. Afin d’éprouver notre grille de lecture, nous présentons les résultats d’une étude empirique centrée sur la création d’entreprises innovantes : à quelles ressources les créateurs veulent-ils accéder ? Quelles modalités d’accès activent-ils ? Quelle est la géographie des ressources qui en découle ? Comment cette géographie évolue-t-elle, en fonction de l’évolution des ressources recherchées et des modalités d’accès activées ? Nous montrons notamment qu’au fur et à mesure de la vie des entreprises enquêtées, on assiste à une extension de la géographie des ressources, qui s’explique pour partie par l’évolution de la nature des ressources recherchées et pour partie par des phénomènes de découplage vis-à-vis des relations interindividuelles, moins fréquemment utilisées après quelques années de la vie des entreprises.
CENS-CRAPUL, Université de Nantes, Université de Lausanne
Vote et sociabilités: ressources d’autochtonie, liens familiaux et mobilisation électorale dans une commune populaire en Suisse
Il s’agit dans cette communication d’aborder la question de la participation électorale en Suisse à l’aide d’un équivalent helvétique aux listes d’émargement qui existent en France. Dans un premier temps, j’analyse la participation des électeurs d’une commune populaire du canton de Vaud en observant leurs trajectoires de vote (sur une année, 10 scrutins de niveau communal, cantonal et fédéral) ainsi qu’à partir de quelques variables démographiques. Dans un deuxième temps, je tente une analyse contextuelle de la participation qui vise à comparer le comportement des électeurs en fonction de leur lieu de vie. C’est notamment sous l’angle de la nationalité et/ou de l’origine nationale que les pratiques électorales sont analysées ; ces mêmes variables ainsi que d’autres indications sociographiques servent également à définir les différents quartiers analysés. Ces résultats statistiques sont enrichis et interprétés à partir de données ethnographiques produites dans le cadre d’un travail de terrain mené dans cette même commune. Je cherche ainsi à montrer comment différents types de sociabilités peuvent induire une mobilisation électorale variée.
Centre de Recherche sur l’Action Politique en Europe, Université Rennes I
Les « usages » féminins de la gouvernance territoriale au regard de l’engagement professionnel des agricultrices
Travailler sur les impulsions politiques en matière d’égalité dans le cadre d’un espace territorial rend incontournable le questionnement de l’usage théorique, méthodologique et politique de la relation entre« genre » et « territoire ». L’idée force de cette communication est donc d’interroger la notion de « territoire » comme ressource politique genrée en y intégrant une lecture des effets de la circularité du référentiel politique « territoire » entre acteurs publics et réseau professionnel, en l’occurrence agricole. Afin de rendre compte de la manière dont se joue cette circulation, nous nous appuierons sur les trajectoires militantes d’agricultrices engagées au niveau professionnel au sein de l’espace breton. Nous interrogerons alors la sexuation de cet espace politique local en rendant à la fois compte de la manière dont l’action politique territorialisée peut modifier les rapports sociaux de sexes et, inversement, comment la mutation des rapports sociaux de sexes modifie la composition politique locale. Nous analyserons la manière dont le « territoire » érigé comme référentiel de l’action publique fait, en retour, l’objet d’un investissement et d’un usage rhétorique par les organisations professionnelles agricoles notamment dans un contexte professionnel concurrentiel et de lutte pour la représentativité syndicale à un niveau local. Au-delà du simple effet de discours, nous nous demanderons si ces luttes pour la conquête d’une légitimité politique de la part d’acteurs publics et professionnels participent de la construction d’espaces politiques locaux féminins. Nous interrogerons en particulier la rentabilité rétributive de ces espaces pour les agricultrices.
GRESCO, Université de Poitiers
« La vie est ici » ? Stigmatisation territoriale et isolement des classes populaires rurales
Lorsqu’on parle de stigmatisation territoriale, généralement pour désigner les quartiers populaires urbains, c’est un phénomène que l’on analyse en tenant compte d’une stigmatisation « par le haut », et aussi « par le bas », dans les rapports sociaux entre stigmatisés. Ici, il sera surtout question d’aborder le phénomène « par le bas », de voir comment la jeunesse populaire d’un bourg rural tend à se fragmenter et à s’opposer entre « ceux qui restent » et « ceux qui partent », et ensuite, selon quelles modalités, chez ceux qui restent, s’observent des stratégies de prise de distance vis à vis de l’appartenance populaire locale. En transversale, cette communication propose une réflexion sur le capital d’autochtonie dans ce contexte social particulier (déclin économique, et plus particulièrement du monde ouvrier local) : comment comprendre que les jeunes les plus autochtones, les plus populaires localement, se retrouvent souvent dans la précarité tant au niveau professionnel que matrimonial ? Dans ce cas, peut-on considérer le capital d’autochtonie comme un capital symbolique ?
Université de l’Ohio
La géopolitique du capitalisme et la question de la politique de l’échelle géographique
Un effet de l’intérêt académique dans la mondialisation a été de mettre au point le rapport entre le local et le global. Dans la science sociale anglophone, la recherche de la soi-disant politique de l’échelle en est un résultat. Ici on conçoit ce rapport comme un rapport à l’intérieur de l’état. Dès le commencement on suppose une organisation territoriale de l’état qui est hiérarchique. Il s’agit d’une délégation des pouvoirs (et des responsabilités) de l’état central envers les gouvernements locaux ou régionaux. En plus on suppose les intérêts territoriaux. Quelques-uns d’entre eux sont aux espaces plus modestes, plus locales : les intérêts des salaires à l’avenir d’une usine qui est l’entreprise majeur dans une petite ville. D’autres sont à l’avenir d’une région particulière ; la préservation des avantages d’une région touristique, peut-être. Enfin les intéressés entrent dans une coalition, comme les coalitions de croissance qui sont typiques des villes américaines. Selon la politique de l’échelle, il s’agit des groupes d’intérêt, intérêts dans les espaces locaux ou régionaux, qui contournent les niveaux moins élevés de l’état afin de chercher l’aide, financier ou régulatrice, des institutions étatiques qui se trouvent aux niveaux plus élevés. Evidemment, un raison de ce contournement peut émaner de la distribution de pouvoirs : le pouvoir en question n’est pas disponible aux niveaux plus bas de l’état. Le cumul des mandats en France en est un exemple. Plus intéressant est la possibilité d’un conflit au niveau local : un conflit entre une coalition de croissance et les citadins, peut-être. Une coalition particulière des habitants, des ouvriers ou des entreprises ou tous les trois est frustrée par les décisions d’un gouvernement local et cherche sauvetage des agences étatiques supérieures. Alors que cet entendement avance notre connaissance de la politique locale, il est un peu superficiel. En particulier, l’existence des intérêts locaux et les circonstances dans lesquels ils subissent nécessairement un défi ou une menace ne sont pas révélées. A un niveau plus abstrait, il s’agit d’une tension entre la fixité et la mobilité. Plus concrètement il s’agit d’une part d’une fixité nécessaire cause des besoins de la production capitaliste : les usines, le logement, l’infrastructure physique ; et d’autre part d’un déplacement des capitaux qui s’efforcent à chercher ailleurs une rentabilité plus élevée. En bref il faut faire attention à la géopolitique du capital afin de déchiffrer la politique de l’échelle.
CEPED, Université Paris Descartes
Performer l’espace pour construire le lieu d’appartenance
Au sein de la ville de Santiago de Cuba, « Los Hoyos » est un espace associé à une « communauté » qui dépasse très largement l’environnement de la micro-localité et du réseau quotidiennement pratiqué par l’habitant. Il n’équivaut à aucune des zones administratives officielles de la planification socialiste, et sa superficie varie considérablement selon ses représentations. Si Los Hoyos recouvre une pluralité d’ensembles qui sont en conflit de définition, simultanément les informateurs s’accordent pour reconnaître des totalités symboliques qui les unissent. Une des références prédominantes de la construction de la catégorie ascriptive (BARTH 1969) Los Hoyos, est alors une performance musicale et dansée : la conga qu’on « a dans le sang », et qui va être mobilisée stratégiquement en tant qu’emblème identitaire dans des processus de différenciation vis-à-vis des autres populations de la ville. Il ne s’agit pas de s’arrêter à cette observation, mais de tenter de saisir en situation (MITCHELL 1987) les processus d’appropriation collective qui fondent cette appartenance tant revendiquée qu’assignée. Dans un premier temps, en mettant en lumière la relation entretenue entre les parcours des performances de la conga, les polarisations des représentations de l’espace communautaire et l’agrandissement du réseau d’alliés des habitants, j’analyserai la conga sous l’angle du capital social (BOURDIEU P. 1980) de los Hoyos. Ensuite, je montrerai que l’apprentissage de la conga relève d’une transmission de type éthologique (BATESON 1958 [1936]). Les pratiques sont transmises sur la base d’une règle négative, l’appartenance est dès lors construite par contraste, en se différenciant des autres groupes de la ville. Finalement, nous verrons à travers certaines spécificités de la production musicale et dansée, comment la performance conga « territorialise » en réactualisant, non seulement les limites et effectifs de la collectivité, mais également la relation intime qui unit l’individu à l’espace parcouru. La conga transforme ainsi un espace indéterminé en un lieu d’identification. Aux vues de ces analyses je conclurai en interrogeant la pertinence de la notion de communauté d’expérience (BRUNER & TURNER 1986).
Centre Max Weber, Université de Lyon II
L’« effet de légitimité résidentielle » : un obstacle à l’interprétation des rapports sociaux dans les quartiers populaires
Le stigmate résidentiel est au cœur de nombreuses analyses des quartiers populaires. Pour certains, il serait le principal moteur des rapports sociaux, provoquant méfiance, conflits et repli sur la sphère privée. L’interprétation des effets de la mauvaise réputation résidentielle achoppe pourtant sur une difficulté empirique : la situation d’enquête, qui impose le stigmate à l’enquêté et fait peser sur lui le risque du discrédit, le conduit à afficher face à l’enquêteur une distance à l’égard du voisinage. Les recherches sur les cités produisent ainsi un « effet de légitimité », à l’origine de nombreux décalages entre le discours des enquêtés et leurs pratiques effectives. Pour affronter ce problème, la sociologie interactionniste et la sociologie de l’espace social et de la domination offrent des outils précieux. Mobilisées lors d’une enquête dans un quartier populaire, elles permettent non seulement de mettre au jour cet effet, mais également d’employer plusieurs « ficelles » pour éviter les écueils qu’il engendre : d’une part, considérer les réactions observées en entretien comme représentatives des attitudes des habitants face aux allochtones ; d’autre part, pour décrire les relations entre autochtones, accorder une attention prioritaire aux pratiques, dans la conduite des entretiens comme dans l’interprétation. Loin de l’idée selon laquelle le stigmate produit de l’isolement social, une analyse attentive aux conditions de la recherche fait ainsi apparaître des représentations du quartier nuancées et des pratiques résidentielles plutôt foisonnantes.
Centre Maurice Halbwachs, ENS/EHESS
Comment l’Etat choisit ses bûcherons. Une analyse localisée des pratiques d’emploi de l’Office National des Forêts
Pour exploiter les forêts publiques, l’Office National des Forêts a recours à des bûcherons indépendants. Ce faisant, l’entreprise publique prend place dans le marché du travail forestier. Elle mobilise une main-d’œuvre extérieure à l’entreprise, des prestataires de service de bûcheronnage, qu’elle choisit parmi l’ensemble des prestataires disponibles sur le marché. Comment s’opère ce choix, sur quoi s’appuie-t-il et quelles en sont les conséquences sur la structure locale du marché du travail? Nous formulons ici des hypothèses et présentons les matériaux mobilisés relatifs à l’analyse localisée des phénomènes sociaux, en particulier les transactions marchandes. L’on s’appuie sur une enquête de terrain réalisée entre 2007 et 2013 dans une région rurale de l’Est de la France ainsi que sur l’analyse quantitative de données nominatives d’entreprises recueillies pendant l’enquête de terrain.
Centre Maurice Halbwachs, équipe ETT (ENS/EHESS/CNRS)
Ressources locales, délocalisations et relocalisations de la pratique des disciplines
du hip-hop dans les quartiers populaires
Cette communication propose d’interroger l’ancrage socio-territorial des disciplines du hip-hop (danse, musique, graffiti) dans l’espace des quartiers populaire urbains des grandes agglomérations françaises. Elle mobilise les données d’une enquête de terrain multi-sites en cours dans des quartiers populaires de Paris et de la petite couronne autour des activités d’association spécialisées dans la transmission et diffusion des disciplines du hip-hop, et sur le dépouillement d’une base de données des différents acteurs spécialisés du hip-hop en France (données de l’IRMA, 2007). Dans un premier temps, nous montrerons que si les disciplines du hip-hop ont historiquement été adoptées par des pratiquants et un public jeunes qui sont principalement originaires de quartiers populaires urbains, on assiste depuis une quinzaine d’années à un mécanisme d’ « ouverture » du hip-hop vers d’autres segments de l’espace social (classes moyennes et étudiants) et vers d’autres territoires (centres-villes et territoires ruraux). Cette ouverture provoque des réactions contrastées de la part des pratiquants et met en évidence la dimension territoriale des rapports de classe en opposant ceux qui s’en accommodent ou s’y adaptent et ceux qui la rejettent en dénonçant une dépossession culturelle et territoriale. Dans un deuxième temps, nous nous interrogerons sur la façon dont les ressources d’autochtonie peuvent constituer un capital mobilisable plus ou moins valorisé pour l’accès à de positions de pouvoir ou à des biens matériels (subventions, locaux, partenariats, reconnaissance, etc.) dans ce contexte d’ouverture. Plus précisément, ce capital Nous prendrons pour cela l’exemple d’un conflit qui oppose deux professeurs de danse hip-hop dans un grand ensemble de banlieue parisienne autour de l’accès à des locaux municipaux pour y donner des cours à des adolescents. Nous tenterons sur ce dernier point une comparaison avec l’enquête pionnière de Jean-Noël Rétière (Retière 2003).
Centre Maurice Halbwachs, ENS/EHESS
Espaces publics, sociabilités et normes de genre à Riyad
Riyad, ville marquée par la ségrégation très stricte entre hommes et femmes renforcée dans les années 1970, a été transformée au cours des années 1990 d’une part par l’ouverture de nouveaux espaces accessibles aux femmes saoudiennes (en particulier les shopping malls) dont certains sont interdits aux hommes, et d’autre part par l’encouragement de l’activité professionnelle de celles-ci dans le secteur privé. Cette dynamique s’est accentuée dans le contexte du « discours de réforme », tentative du gouvernement de changer l’image de l’Arabie vis-à-vis de l’étranger et de sa propre population à la suite des attentats du 11 septembre 2001. L’intervention reviendra sur l’enquête ethnographique que j’ai réalisée entre 2005 et 2009 au sein de quatre types d’espaces urbains : un campus universitaire, des espaces de travail, des shopping malls et des espaces religieux. J’y ai notamment observé les statuts mobilisés au cours des situations d’interaction ainsi que les manières de se mettre en scène en public et les modes de présentation de soi. Je me fonderai sur ce matériau pour analyser les sociabilités des jeunes urbaines saoudiennes et les transformations des normes de genre au sein de leurs rassemblements. Dans quelle mesure le partage d’espaces communs favorise-t-il des solidarités, voire l’identification à un même groupe ? Comment interpréter les conduites transgressives des règles officielles, très répandues au sein des espaces homosociaux – correspondent-elles à des modes de « résistance » ? Enfin, comment la visibilité croissante de styles de vie ‘féminins’ professionnels et consuméristes transforme-t-elle les hiérarchies et modes de classement à l’intérieur de la « société des jeunes femmes » (pour reprendre une expression émique) ? L’intervention analysera à la fois les formes de solidarité et de contestation qui peuvent être permis par l’existence de ces espaces et les luttes autour des normes de féminité qui recomposent les modes de hiérarchisation en leur sein.
Pour en savoir plus : Amélie Le Renard, Femmes et espaces publics en Arabie Saoudite, Paris, Dalloz, 2011.
LASSP, IEP de Toulouse
« C’est local, c’est ce qui nous intéresse » : étude des constructions et usages du « local » à travers les pratiques alimentaires
Alors que le « local » tend à s’imposer comme un nouvel espace privilégié et valorisé des pratiques alimentaires (limitation des transports, relocalisation des activités économiques, lien social sur un territoire) cette communication vise à étudier les appréhensions et usages faits de ce néologisme à travers les perceptions indigènes de produits fabriqués « proche » de leurs lieux de consommation et/ou définis comme locaux par les enquêtés. L’enquête, réalisée dans le cadre d’un travail de thèse en cours, se base sur l’étude de type monographique de trois lieux d’approvisionnement alimentaire situés dans un canton rural du Sud-ouest de la France. Ces lieux servent de point d’entrée pour l’observation de deux groupes socialement distincts. D’une part, les clients d’un « marché fermier » se composent principalement de personnes âgées « du coin » membres des classes populaires. D’autres part, les membres d’une AMAP et d’un groupement d’achat en produits biologiques et locaux sont majoritairement des « nouveaux » arrivants, plus diplômés que la population locale, et appartenant aux catégories socioprofessionnelles intermédiaires et cadres. Il s’agira alors de voir comment les définitions et motivations à l’achat de produits « locaux » sont, selon les groupes, sous-tendues par des positionnements dans l’espace local et au sein de réseaux sociaux, ainsi que par des valeurs socialement différenciées. Par la suite, nous analyserons comment la mobilisation d’une définition plus politique du « consommer local », via des lieux d’approvisionnement de type associatif, permet la création de pratiques et d’espaces sociaux distinctifs. Ceci nous amènera à appréhender les stratégies de positionnements et d’appropriation de l’espace local des membres de l’AMAP et du groupement d’achat à travers un double mouvement d’ancrage et de différenciation.
Université Paris-Est-Marne-la-Vallée, Lab’Urba/ Université de Poitiers, GRESCO
Militer pour la décroissance : du discours militant à la réappropriation de l’espace local
Rejetant les principes dominants liés à la mondialisation économique, l’engagement pour la décroissance semble pouvoir se caractériser par des logiques visant à valoriser l’espace local comme un lieu de production d’alternatives. Aussi, notre communication cherchera à montrer la manière dont se structurent les enjeux militants autour de la question de la relocalisation. C’est pourquoi, dans une perspective visant à croiser les questionnements sociologiques et les perspectives géographiques, nous proposerons de mettre en évidence les dynamiques sociales sans en oublier la dimension spatiale. Par conséquent, la décroissance doit se comprendre à la fois au regard du recrutement social qu’elle génère et des possibilités pratiques qu’elle favorise en fonction des contextes (sociaux et spatiaux) dans lesquels elle est revendiquée. Autrement dit, l’espace local apparaît comme le lieu de l’engagement pour la décroissance parce qu’il permet la mobilisation de normes spécifiques comme l’autonomie, la simplicité ou encore la convivialité, indissociables de la proximité. Ces normes militantes sont à comprendre comme des générateurs de pratiques spécifiques. En effet, la mise en jeu de pratiques populaires – bricolage, jardinage, pratiques simplificatrices, déconsommation, etc. – apparaît comme la possibilité offerte aux militants de lutter contre toutes les formes de remise de soi imposées par le système productiviste. L’inclusion de ces pratiques populaires dans le registre des « pratiques cultivées » met en évidence un processus de réappropriation redéfinissant les goûts et dégoûts militants. Aussi, cette esthétisation du populaire témoigne dans le même temps des logiques sociales à l’œuvre et des enjeux militants se structurant autour du principe de proximité.
LaSSP, IEP Toulouse, France, GRIMS, Université Laval, Québec, Canada
L’ancrage territorial de l’apprentissage du métier d’agriculteur biologique Retour sur trois modalités de formation au sein de l’espace social agrobiologique
La reproduction au sein de l’espace social agricole s’est opérée historiquement selon deux modalités : à travers la prime socialisation familiale et la socialisation scolaire. Bien qu’en crise, ce modèle de reproduction agit encore comme système de représentations et de classements au sein de l’espace social agricole. Ainsi, se revendiquer d’une vocation agricole et se voir accordé le statut d’ « élu » au sein de cet espace social dépend encore largement des ressources professionnelles acquises dans des espaces d’interconnaissance relativement restreints (l’apprentissage dans un centre de formation agricole, effectué au plus proche de la famille, ne venant que transformer en capital reconnu par un diplôme les ressources professionnelles héritées et acquises au sein de l’exploitation familiale). Avec l’émergence de modèles alternatifs au modèle de développement agricole dominant, il devient nécessaire d’interroger la dimension territoriale de l’apprentissage du métier d’agriculteur et de l’incorporation de la culture professionnelle agricole. L’émergence de ces nouveaux agents, associée à la crise de la reproduction agricole conduit inévitablement à des luttes de classement dont nous entendons analyser les modalités en interrogeant la dimension territoriale de trois formes d’apprentissage ayant cours au sein de l’espace social de l’agriculture biologique : l’apprentissage au sein d’un réseau d’entraide et de bénévolat international (World Wide Opportunities on Organic Farms) ; celui effectué au sein d’une maison familiale rurale (que nous appellerons MFR de Goutens) ; et enfin, « l’apprentissage sur le tas » effectué sur une ou plusieurs exploitations. Notre communication reposera sur des observations participantes et des entretiens « biographiques » menés au Québec et en Midi-Pyrénées.
Laboratoire ESO, Université de Nantes
Les mondialisations « localisées » des pêcheurs artisans Français et malgaches. Dimensions et échelles spatiales des altermondialistes halieutiques
Notre contribution propose un décryptage des dimensions et des échelles spatiales de « l’altermondialisation halieutique », en démontrant comment ce mouvement social singulier au secteur des pêches s’inscrit dans une logique de réappropriation socio-spatiale au processus de mondialisation. En nous inspirant des apports théoriques (interactions géographiques entre processus de mondialisation et domaine halieutique) et méthodologiques (enquêtes de terrain, analyse de bibliographies militantes…) développées dans notre thèse de géographie, notre argumentation s’appuie sur deux terrains militants : les pêches artisanales françaises et les pêches traditionnelles malgaches. Trois réflexions structurent notre raisonnement. Il convient en premier lieu de comprendre de quelle mondialisation halieutique l’on parle et comment celle-ci impacte fortement les filières en générant de nombreux dysfonctionnements spatiaux sur l’exploitation et le partage des ressources et des espaces. Par la suite, nous cherchons à décrypter les multiples dimensions spatiales de cette construction de collectifs locaux intégrés dans un mouvement social international de défense des pêches artisanales. Nous analysons successivement l’organisation spatiale de ce système d’acteurs ainsi que les diverses stratégies spatiales (représentations, discours, pratiques d’actions…) que ceux-ci mettent en œuvre. Enfin, nous nous intéressons aux dynamiques géographiques du mouvement. Si celui-ci reste confronté à un triple déficit (spatial, social et politique), il propose certaines initiatives en matière de développement territorial durable des activités à des niveaux d’échelles plus « localisés » (pouvoir de gestion, valorisation identitaire). En conclusion, nous souhaitons réinterroger la dichotomie « classique » entre global et local, en montrant les limites respectives de ces niveaux scalaires et la nécessité d’adopter une démarche résolument transcalaire et cosmopolitique dans la régulation de ces filières.
Centre Maurice Halbwachs, INRA-Ceaser
Différenciation sociale des mondes ruraux et encadrement des classes populaires
La répartition spatiale des catégories socioprofessionnelles est loin d’être uniforme sur le territoire français. Il s’ensuit que les rapports entre groupes sociaux sont très variables d’un lieu à l’autre. Pour ce qui concerne les espaces ruraux, la chute du nombre d’indépendants depuis un demi-siècle, mais également la moindre présence des cadres contribuent à modifier les formes d’encadrement des classes populaires, surreprésentées dans les campagnes. L’évocation de deux trajectoires d’élus d’une même municipalité – un employé de l’industrie né en 1931 et son gendre agriculteur né en 1950 – permettra d’illustrer le processus d’isolement croissant des classes populaires. Les évolutions du marché du travail, des structures institutionnelles et associatives locales, du profil des catégories intermédiaires de la structure sociale contribuent ainsi de manière concomitante à accroître la distance culturelle entre classes populaires et petite bourgeoisie. Ancienne province royale, parfois « résumé » par l’assemblage de deux départements, l’Indre et le Cher, le Berry n’existe plus aujourd’hui, institutionnellement parlant. Bien que souvent malmené dans les représentations collectives, il constitue toujours une ressource identitaire pour ses habitants. Celle-ci nécessite la mise en place de critères originaux car elle relève d’un « badinage territorial », qui correspond à la sélection personnelle de caractéristiques, à la fois très concrètes ou plus immatérielles, issues d’un ensemble de spécificités propres à cet espace. Du degré d’inscription territoriale des habitants dépend leurs choix en matière de caractéristiques berrichonnes propres à l’édification d’un sentiment d’appartenance et d’identité. Cet ancrage est en partie mesurable par la « participation territoriale », c’est-à-dire l’ensemble des activités pratiquées par un individu sur un territoire donné. Ainsi, pour anodines qu’elles soient, les activités privées, professionnelles ou de loisirs contribuent clairement à la vie d’un territoire, à travers leurs fonctions de production et de consommation. Certains habitants font en outre le choix de s’engager dans la vie locale, sous différentes formes (bénévolat associatif, militantisme politique) et suivant diverses intensités (participant serviable ou militant actif. Mais il existe aussi une participation plus collective. Dans le Berry, se développe ainsi une stratégie de sociabilité « alternative », qui repose sur un fonctionnement en réseau. Entrer dans ce réseau permet d’être au cœur de nombreuses relations et d’être entraîné, parfois même malgré soi, dans différentes formes de participation territoriale, car étant « repéré » comme personne moteur, active et dynamique. En fait, on assiste à une transformation et surtout à une recomposition du lien social, mêlant proximité spatiale et proximité sociale, qui détermine les types de réseaux sociaux qui vont être créés, puis mobilisés par chaque individu.
CEDETE, Université d’Orléans
L’identité berrichonne : un dynamisme réticulaire appuyé sur une interconnaissance spatiale et sociale
Ancienne province royale, parfois « résumé » par l’assemblage de deux départements, l’Indre et le Cher, le Berry n’existe plus aujourd’hui, institutionnellement parlant. Bien que souvent malmené dans les représentations collectives, il constitue toujours une ressource identitaire pour ses habitants. Celle-ci nécessite la mise en place de critères originaux car elle relève d’un « badinage territorial », qui correspond à la sélection personnelle de caractéristiques, à la fois très concrètes ou plus immatérielles, issues d’un ensemble de spécificités propres à cet espace. Du degré d’inscription territoriale des habitants dépend leurs choix en matière de caractéristiques berrichonnes propres à l’édification d’un sentiment d’appartenance et d’identité. Cet ancrage est en partie mesurable par la « participation territoriale », c’est-à-dire l’ensemble des activités pratiquées par un individu sur un territoire donné. Ainsi, pour anodines qu’elles soient, les activités privées, professionnelles ou de loisirs contribuent clairement à la vie d’un territoire, à travers leurs fonctions de production et de consommation. Certains habitants font en outre le choix de s’engager dans la vie locale, sous différentes formes (bénévolat associatif, militantisme politique) et suivant diverses intensités (participant serviable ou militant actif. Mais il existe aussi une participation plus collective. Dans le Berry, se développe ainsi une stratégie de sociabilité « alternative », qui repose sur un fonctionnement en réseau. Entrer dans ce réseau permet d’être au cœur de nombreuses relations et d’être entraîné, parfois même malgré soi, dans différentes formes de participation territoriale, car étant « repéré » comme personne moteur, active et dynamique. En fait, on assiste à une transformation et surtout à une recomposition du lien social, mêlant proximité spatiale et proximité sociale, qui détermine les types de réseaux sociaux qui vont être créés, puis mobilisés par chaque individu.
Clersé-CNRS UMR 8019, Université Lille 1
Comment étudier les classes populaires aujourd’hui ? Une démarche d’ethnographie comparée
Depuis la fin des années 1970, le modèle de développement économique néolibéral a entraîné un certain délitement de la société salariale – notamment dans des territoires ayant connu une désindustrialisation massive – transformant l’organisation de la vie quotidienne dans les milieux populaires. Nous proposons dans cette contribution des éléments d’analyse issus d’une enquête collective en cours qui réunit trois équipes, en France, en Espagne et en Argentine, autour de préoccupations communes pour les reconfigurations des classes populaires et de la volonté de s’y intéresser empiriquement. Nous prenons ici appui sur des terrains révélateurs de ce qui est en jeu à la fois dans les sphères du travail, de la famille et de l’éducation (dans leurs acceptions larges) : les activités autour de la mécanique auto, et l’organisation de collectifs de femmes dans des centres sociaux. Nous explicitons d’abord le parti pris d’une analyse territorialisée et s’attachant aux pratiques ordinaires. Puis nous proposons quelques pistes de réflexion à partir des résultats intermédiaires de l’enquête, organisés selon deux échelles d’analyse : l’échelle du territoire, pour tenter de comprendre le passage d’une territorialité ouvrière à une territorialité populaire, et celle des tensions entre l’autonomie et la dépendance expérimentées par les classes populaires.