Romuald BODIN (dir.), Les Métamorphoses du contrôle social, Paris, La Dispute, 2012. Postface de Loïc Wacquant.


Le contrôle social des individus et des populations se transforme. Au travail, à l’école, dans le domaine de l’action sociale, la logique sécuritaire ne tend-elle pas à se généraliser ? Mais toutes les formes de contrôle ne sont-elles que coercition ? Et quelles sont les formes de résistance à ces évolutions ?

Les auteurs, sociologues, politistes et historiens, présentent et analysent les résultats d’enquêtes concernant les nouvelles réglementations et catégories qui définissent le contrôle social, mais aussi les dispositifs qui les mettent en œuvre et les pratiques ordinaires qui parfois s’y opposent. Ils éclairent et mettent en regard les enjeux sociaux liés aux transformations du contrôle dans les domaines de la statistique publique et du travail social, de la surveillance des salariés, des immigrés et des élèves, des institutions pénitentiaires et médico-sociales. Ils montrent comment ces métamorphoses du contrôle social doivent être comprises dans les récentes évolutions de l’économie, du travail et de l’État, liées au néolibéralisme.

Cet état des lieux, nuancé et engagé, éclaire la bataille politique qui confronte le souci de préserver les libertés individuelles fondamentales à celui d’assurer la sécurité civile ou l’efficacité des organisations. Appelant à renouveler, en théorie et en pratique, notre approche du contrôle social, il s’adresse aux citoyens, chercheurs et militants qui souhaitent mieux comprendre, pour les réformer ou s’y opposer, les diverses formes contemporaines du contrôle des individus et des populations.

Avec les contributions des membres du GRESCO suivants : Romuald Bodin, Étienne Douat, Hélène Stevens et Laurent Willemez

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Feriel Lalami, Les Algériennes contre le code de la famille, Paris, Les Presses de Sciences Po, 2012.


Loi discriminatoire promulguée en 1984, le code de la famille va à l’encontre de l’égalité entre les hommes et les femmes, promise pendant la lutte pour l’indépendance et énoncée par la Constitution. Il cristallise les actions menées par les Algériennes qui militent pour cette égalité.

Malgré un environnement politique fait d’obstacles et de contraintes – poids de la période coloniale qui a réduit le statut des femmes à un enjeu d’identité nationale ; limites imposées aux libertés publiques par un régime autoritaire ; cycle de violences extrêmes des années 1990 qui a paralysé l’activité politique et compromis la poursuite du mouvement – les associations ont toujours su, avec pragmatisme, trouver de nouvelles ressources, en particulier au niveau international.

Un récit au plus près de la lutte des Algériennes pour le changement de leur statut, ponctué d’interrogations sur les perspectives qui leur sont ouvertes depuis la révision en trompe-l’œil du code de la famille en 2005.


Stéphane Chantegros, Sophie Orange, Adrien Pégourdie, Cyrille Rougier (dir.), La fabrique biographique, Presses universitaires de Limoges, 2012


Alors qu’au début du XXe siècle, elle passe, aux yeux de François Simiand, pour une des trois « idoles de la tribu des historiens » à abattre, la biographie connaît, à partir des années 1970, un vif regain d’intérêt, au point d’être perçue, quelques années plus tard, comme un nouveau « totem » des sciences sociales. Ce n’est plus l’utilité de “la” démarche biographique qui est remise en cause mais son unité même. Ainsi, sous-tendues par des présupposés théoriques différents, les notions plus ou moins conceptualisées (carrière, histoire de vie, itinéraire, trajectoire, etc.) ne manquent pas en sciences sociales pour rendre compte des logiques biographiques. C’est à l’usage même de ces diverses notions que cet ouvrage s’intéresse.
Plutôt que d’endosser le rôle de censeurs théoriques, les coordonnateurs de ce livre ont pris le parti d’ouvrir un espace de prises de positions scientifiques et de proposer à différents chercheurs de mettre plusieurs de ces concepts à l’épreuve de la pratique scientifique.

Avec les contributions des membres du GRESCO suivants : Wenceslas LIZÉ, Sophie ORANGE, Adrien PÉGOURDIE et Marie-Pierre POULY

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Jean-Paul GÉHIN, Hélène STEVENS (dir.), Images du travail, travail des images, Rennes, PUR, 2012.


Comment montrer le travail par l’image ? C’est à cette question que répondent ici sociologues, historiens, ethnologues, anthropologues, professionnels de la photographie et du film.
Question plus complexe qu’il n’y paraît dès lors que le présupposé de la transparence de l’image est rejeté et que ta complexité du travail est acceptée dans sa triple dimension gestuelle, relationnelle et subjective. La trentaine de chercheurs en sciences sociales qui participent à cet ouvrage font part de leur propre expérience d’usage des images dans leur démarche de recherche sur le travail. Pourquoi et comment, hier comme aujourd’hui, ces chercheurs se sont-ils saisis et se saisissent-ils des images du travail ? Quelles approches les conduisent à penser ces images comme objets à analyser ou comme outils de la recherche ? A quelles connaissances du monde du travail accèdent-ils grâce à elles ? Quelles positions méthodologiques et déontologiques empruntent-ils dans la production et l’usage d’images ? Quels intérêts et limites y trouvent-ils ? Ces questions et d’autres – anciennes et déterminantes, et pourtant longtemps marginales dans le champ des sciences sociales tant les logiques académiques privilégient les sources et productions écrites – sont revisitées à travers cet ouvrage.
Pluridisciplinaire, réflexif, accompagné d’un cahier de photographies, Images du travail, Travail des images propose ainsi une large réflexion sur la place des images, leurs conditions de production pour ou par l’enquête et leurs usages en sciences sociales.


Réédition de : Mathias Millet & Daniel Thin, Ruptures scolaires. L’école à l’épreuve de la question sociale, Paris : Presses universitaires de France, coll. Le lien social, février 2012.


Si, dans les années 1970-1980, l' »échec scolaire » était au centre des discours sur l’école dans les quartiers populaires, les questions de « violences scolaires » ou de « déscolarisation » dominent la scène depuis les années 1990, surtout à propos du collège présenté comme le « segment » où se concentrent les difficultés de l’école. Une attention nouvelle est ainsi portée aux processus de ruptures scolaires qui touchent d’abord des collégiens issus de milieux populaires.

Les auteurs reconstruisent les parcours de ruptures scolaires de ces collégiens et analysent tour à tour l’effet de plusieurs dimensions : la précarité et les ruptures familiales ; les difficultés scolaires où se nouent apprentissage, conflits avec les enseignants, sanctions de l’institution ; la sociabilité juvénile qui oscille entre l’isolement et l’attraction du groupe de pairs. Refusant la vaine quête d’une cause unique, ils insistent sur l’articulation entre ces différentes dimensions et montrent l’enchaînement des processus au sein de plusieurs parcours de collégiens.

S’appuyant sur une enquête intensive de deux ans, ce livre aborde des questions qui taraudent en profondeur l’école et alimentent le débat sur le « collège unique ». Il apporte aussi des connaissances fines sur la dégradation des conditions d’existence d’une fraction des familles populaires et sur ses effets en termes de scolarisation et de socialisation.
Il s’adresse à tous ceux qui sont concernés par les questions scolaires et sociales ainsi qu’aux étudiants et chercheurs en sciences sociales et en sciences de l’éducation.