Le mercredi 11 janvier 2017 aura lieu la journée d’études « Enquêter auprès de ménages employés et ouvriers » à La Sorbonne (amphi Durkheim). Elle est organisée dans le  cadre de la recherche sur « le populaire aujourd’hui » soutenue par l’Agence nationale de la recherche (ANR) en partenariat avec le Centre de recherche sur les liens sociaux (CERLIS), le Centre nantais de sociologie (CENS), le Centre Maurice Halbwachs (CMH) et le Groupe de recherches sociologiques sur les sociétés contemporaines (GRESCO).

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Présentation

Les classes sociales, pour reprendre l’expression de Christian Baudelot et Roger Establet, marchent « toujours sur deux jambes ». Or la sociologie des classes populaires qui s’est développée dans les années 1960-1980, en rattachant aux classes moyennes les employés, catégorie socioprofessionnelle largement féminisée dès le milieu du XXème siècle, et en se développant dans le contexte de la « parenthèse historique de la femme au foyer », a souvent privilégié l’étude des ouvriers et mis en évidence une « culture populaire » en réalité ouvrière et plutôt masculine.
Aujourd’hui, quand bien même les taux d’activité féminine restent moins élevés dans les catégories ouvrières que dans les autres catégories socioprofessionnelles, la majorité des actifs ouvriers et employés sont en ménage avec des femmes elles-mêmes actives et en activité. Par ailleurs, le passage (ou le retour) au salariat des femmes des classes populaires s’est accompagné d’une scolarisation plus longue. On sait que celle-ci est souvent plus réussie que celle des hommes (toutes classes sociales confondues). Ces transformations de la condition populaire féminine – salarisation et allongement des scolarités – posent en de nouveaux termes la question des classes sociales et des modes de vie populaires. Or, si des analyses sur les classes populaires prennent en compte la dimension ménage, que ce soit à propos de l’école, des normes et valeurs éducatives ou alimentaires, des tâches domestiques ou de l’accession à la propriété du logement, et que se sont aussi développées des ethnographies de territoires ouvriers s’intéressant tout à la fois à la scène du travail, des loisirs et de la famille, l’attention aux processus qui
se jouent à l’échelle des ménages gagne à être encore approfondie. Héritage de la sociologie ouvrière qui s’est constituée au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, la sociologie des classes populaires reste principalement centrée sur le travail et les travailleurs saisis comme individus isolés et/ou membres de sociabilités professionnelles. Organisée dans le cadre de la recherche financée par l’ANR sur « le populaire aujourd’hui », cette journée d’étude aura pour but de présenter plusieurs travaux de recherche centrés sur les ménages populaires. Nous la concevons comme un moment d’échanges sur la manière de travailler à partir des ménages. Quels ménages « populaires » rencontrons-nous vraiment ? Comment nous y prenons-nous ? Quels nouveaux éléments d’analyse l’entrée « ménage » met-elle sous nos yeux ?