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Le 9 novembre 2016 aura lieu la journée d’études sur « Les apprentis au XXe siècle » que le GRESCO organise à Poitiers (salle Crozet) en collaboration avec le CEREQ.
Journée d’études organisée par Stéphane Lembré, Dominique Maillard et Gilles Moreau
Voir la plaquette de présentation et le PROGRAMME
Si les transformations institutionnelles de l’apprentissage ont fait l’objet de travaux relativement continus depuis vingt à trente ans (Combes, 1986 ; Kergoat, 2002 ; Moreau, 2003 ; Palheta 2012), de nombreuses zones d’ombres demeurent, qui font encore de l’apprentissage au XXe siècle un sujet mal connu, voire mal aimé. C’est particulièrement le cas de celles et de ceux qui, pourtant, sont à l’évidence les principaux concernés : les apprenties et les apprentis. Il est aisé de les assimiler à des jeunes réticents ou en difficulté avec la forme scolaire, issus de milieux populaires. En effet, cette appréciation, largement intuitive, se vérifie-t-elle réellement sur l’ensemble du XXe siècle ? À bien des égards, il s’agit là d’une représentation fondée sur une sociographie rapide, construite uniquement au regard de ce que ne sont pas les apprentis à l’aune de l’élève-étalon que serait le jeune bachelier.
La journée d’études organisée à Poitiers le 9 novembre 2016 invite à prendre ses distances vis-à-vis du postulat d’apprentis uniformément et uniquement dominés (Grignon, 1971) et à réactiver l’idée qu’historiquement la formation professionnelle a été une voie de promotion et de réussite sociale (Pelpel & Troger, 1993 ; Lembré 2016) voire, à certains moments, une « culture technique » aux visées tout autant émancipatrices que la « culture académique » (Tanguy, 1991 ; Brucy,1998 ; Troger, 2002). Cette perspective suppose d’une part d’interroger ce qu’on appelle « la scolarisation des apprentissage » (Prost, 1992) qui témoigne, mais sans vraiment en rendre compte, de la construction progressive à partir des années 1960 d’une « frontière » de plus en plus hermétique entre l’apprenti sous statut scolaire et l’apprenti sous statut salarié. Elle suppose aussi de diversifier les sources documentaires et de rompre avec l’illusion d’un « retour en grâce » de l’apprentissage parfaitement coupé de sa longue histoire. Que le discrédit puis la faveur dont a été l’objet l’apprentissage aient eu des effets majeurs est incontestable, et les représentations successives de l’apprenti, dans la littérature ou à l’écran, pourraient assurément en attester ; toutefois, l’apprenti reste, tout au long du XXe siècle, une réalité, possède un statut, fût-il changeant, témoigne de destins sociaux qu’on ne peut penser qu’en négatif, bref, a une histoire sociale qui reste à faire, y compris au niveau de sa mesure : la contraction quantitative du public apprenti n’équivaut jamais, pas même dans les années 1950 et 1960, à sa disparition pure et simple.
L’hypothèse qui fonde ce projet de journée d’étude est donc double. Il s’agit en premier lieu de montrer que certaines sources permettent de retrouver les apprentis : à cet effet, les enquêtes et les représentations fournissent une connaissance certes indirecte, mais néanmoins précieuse et parfois très fine de cette population et de ses transformations. En second lieu, il convient de souligner, preuves à l’appui, que la diversité des conditions et des parcours des apprentis l’emporte sur toute description univoque. Le portrait de l’apprenti est nécessairement le portrait d’un groupe dont les caractéristiques et les traits doivent être historicisés. Entre transformations et permanences, l’approche proposée vise à renouer non seulement avec des travaux qui ont montré, à propos des périodes médiévale et moderne, la complexité historique de cette institution majeure que fut l’apprentissage (Kaplan, 2001), mais aussi et surtout à mettre en perspective les débats actuels sur les politiques menées, leurs objectifs et leurs publics.
Brucy G., 1998, Histoire des diplômes de l’enseignement technique et professionnel (1880-1965), Paris, Belin, 285 p.
Combes M.C., 1986, « La loi de 1971 sur l’apprentissage : une institutionnalisation de la formation professionnelle », Formation-emploi, n° 15, pp. 18-32.
Grignon C., 1971, L’ordre des choses, Paris, Minuit, 363 p.
Kaplan S., 2001, La fin des corporations, Paris, Fayard, 740 p.
Kergoat P., 2002, L’apprentissage dans les grandes entreprises (en France). Etude de trois cas, Thèse de doctorat de sociologie, Université de Paris X, 390 p.
Lembré S., 2016, Histoire de l’enseignement technique, Paris, La découverte, 125 p.
Moreau G., 2003, Le monde apprenti, Paris, La Dispute, 274 p.
Palheta U., 2012, La domination scolaire. Sociologie de l’enseignement professionnel et de son public, Paris, Presses universitaires de France, 354 p.
Pelpel P., Troger V., 1993, Histoire de l’enseignement technique, Paris, Hachette, 320 p.
Prost A., 1992, Education, société et politiques, Paris, Le Seuil, 227 p.
Tanguy L., 1991, L’enseignement professionnel en France, Paris, Presses universitaires de France, 227 p.
Troger V., 2002, « L’identité perdue des enseignements techniques et professionnels », in Moreau G., Les patrons, l’Etat et la formation des jeunes, Paris, La Dispute, pp. 51-64.