- Doctorante en sociologie à l'Université de Poitiers
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Titre de la thèse : Des familles sur le fil ? Les immigrés maliens, leur(s) femme(s), leurs enfants (1980-2023)
Direction : Mathias Millet et Amélie Grysole
Résumé :
Depuis leur installation en France dans les années 1980, les familles sahéliennes (i. eoriginaires des actuels Mali, Mauritanie et Sénégal) représentent une catégorie négative du discours médiatico-politique français. Alors pionnières de l’émigration familiale sahélienne vers la France, les familles originaires de villages maliens de la région de Kayes sont particulièrement dans le viseur des institutions françaises et attirent le soupçon de l’anomalie et de l’anomie. Dans le même temps, dans les villages maliens d’origine, les émigré.es qui ont fait le choix de fonder leur famille en France sont suspecté.es d’être de mauvais parents : éloignant leurs enfants du giron familial malien, ils et elles s’entendent rappeler le risque de fabriquer des « enfants perdus », déconnectés de leur parentèle et des valeurs morales familiales. « Ici » (en France) comme « là-bas » (au Mali), ces familles inquiètent et sont qualifiées de dysfonctionnelles. Par-delà les scénarios catastrophistes, les clichés et les fantasmes, qu’en a-t-il été de la vie de ces familles depuis leur installation en France dans les années 1980 jusqu’aux années 2020 ? Comment ont-elles fait leur place dans la société française et négocié leur absence dans la société malienne ? Comment ont-elles lutté contre le déclassement social et symbolique « ici » et « là-bas », et œuvré à leur reclassement social et symbolique en France et au Mali ? Comment les liens inter et intragénérationnels se sont-ils (re)composés au fil des années et du cheminement des un.es et des autres membres dans la société française ?
Ce sont ces différents questionnements sociologiques qu’explore la thèse. En rupture avec les idées reçues sur les « familles africaines » en conflits perpétuels et incapables de « faire famille », elle propose une analyse sociologique inscrite au croisement de la sociologie de la famille, de la mobilité sociale et des migrations. L’analyse se fonde sur une enquête ethnographique menée en Seine-Saint-Denis (93) auprès de dix familles malo-françaises nombreuses (4 à 13 enfants) établies en France dans les années 1980. Les pères sont arrivés dans le cadre des migrations de travail des années 1960 et 1970, et les mères par regroupement familial dans les années 1980. En reconstituant les parcours des ainé.es de ces familles (né.es dans les années 1980) de l’enfance à l’âge adulte, la thèse montre comment se fabriquent des destins sociaux individuels et familiaux au croisement de deux espaces géographiques et sociaux de référence – les classes populaires urbaines en France et les couches moyennes rurales au Mali. Cette analyse longitudinale et transnationale s’articule à une lecture intersectionnelle, la thèse montrant l’imbrication des différents rapports sociaux (de genre, de classe, de race, de génération, d’âge) dans lesquels les familles sont prises et qu’elles produisent en leur sein.